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Lady Gaga : que vaut "Joanne", son nouvel album ? Critique, titre par titre

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
C'est le grand jour pour Lady Gaga ! Plus sobre que jamais, la chanteuse change de peau pour devenir une cow-girl country sur "Joanne", un cinquième album à l'énergie rock, enregistré avec Mark Ronson et sur lequel elle se met à nu. De quoi en étonner plus d'un. Découvrez notre critique, titre par titre !
Crédits photo : Pochette de l'album Joanne

1. Diamond Heart


Dès les premières notes de "Diamond Heart", on sent que Lady Gaga a eu envie d'authenticité. D'ailleurs, "Joanne" n'est pas du tout ce que le public attend d'elle. Mais la plupart du temps, ça marche ! Comme sur ce titre d'ouverture à l'énergie rock crescendo, qui explose sur son refrain, où la chanteuse raconte son parcours alors qu'elle n'a que 19 ans : son ambition à devenir une popstar, son passé de gogo danseuse, le viol dont elle a été victime, ses relations tendues avec son père... Par la même occasion, dans la continuité de son discours d'auto-acceptation prôné sur "Born This Way", Lady Gaga s'oppose en filigrane au "Flawless" de Beyoncé en assumant ses failles et ses imperfections. « I'm not flawless, but I gotta diamond heart ». Un morceau bouillonnant, vulnérable mais chargé d'une force détonante. 4/5

2. A-Yo


« Here we go ! ». Avec ce clin d'oeil involontaire à Mario, Lady Gaga prévient d'entrée : préparez-vous à taper des mains jusqu'à vous en brûler les doigts ! Sur "A-Yo", pur produit poussiéreux de Nashville, la chanteuse embrase pleinement la dimension country de cet album. Sa voix, raillée de force, s'impose avec panache et puissance dans une tempête de cordes grattées et de claps fédérateurs. Lady Gaga, épaulée par Hillary Lindsey (Bon Jovi, Tim McGraw, Taylor Swift), hausse le ton et le rythme, réglant ici ses comptes avec ses détracteurs. « Can't wait to get you shook up / Faster than you can try to hate it / You can try to hate it, you can try to fake it / But baby, I laced it » clame-t-elle, sûre d'elle et impatiente de faire taire les mauvaises langues qui la disent finie. On ne pourra pas lui reprocher de manquer d'énergie ni de conviction, même si le morceau dénote un peu par rapport au ton très personnel du reste du disque. 3/5




3. Joanne


La chanteuse l'a dit et répété : cet album a une résonance toute particulière pour elle. Dédié à la soeur de son père, morte du lupus à l'âge de 19 ans, le projet permet à l'artiste de mettre au placard son personnage extravagant pour mieux présenter ce qu'elle est vraiment : une interprète sensible. Lady Gaga, le coeur en bandoulière, révèle donc ses fêlures sur cette ballade acoustique, hantée par le souvenir et presque construite comme une berceuse. « Take my hand, stay Joanne / Heaven's not ready for you » supplie-t-elle, guitare sèche en main, offrant là l'un des plus rares moments de simplicité de son répertoire. Frissons garantis en l'écoutant répéter dans le vide « Girl, where do you think you're goin' ? »... Désarmant. 5/5

4. John Wayne


Les fans de la première heure seront sans doute déroutés par l'âme de cet album "Joanne", mais "John Wayne" devrait les rassurer. Devenue cow-girl, avec toujours cette envie de revenir aux sources, la popstar raconte une romance fictive avec un cow-boy à la John Wayne. Lasse des hommes des villes, qui se ressemblent tous selon elle, Lady Gaga veut s'amuser, filer à toute allure sur un cheval avec son mâle. « Every John is just the same / I'm sick of their city games / I crave a real wild man / I'm strung out on John Wayne ». C'est alors parti pour un rodéo badass, à la "Machete Kills" où elle campait La Camaleón. Tenez-vous bien, ça secoue et c'est l'un des meilleurs morceaux de l'album. Et l'un des seuls tubes potentiels ! 4,5/5

5. Dancin' in Circles


Chassez le naturel, il revient au galop. Lady Gaga n'a pas totalement abandonné ses réflexes de provocatrice et le texte sulfureux de "Dancin' in Circles", écrit notamment par Beck, est là pour le rappeler ! Sur un beat sensuellement teinté de reflets exotiques, piochant à la fois dans la culture latine et orientale, la chanteuse propose une ode... à la masturbation. « I lay around, touch myself to pass the time », « Up all night tryin' to rub the pain out », « I'm singin' dancin' in circles, feels good to be lonely »... Les paroles ne laissent aucune place au doute, et la popstar espère bien déclencher des fantasmes en susurrant ses « Funk me downtown ». Caliente et radiophonique à souhait : le guitly pleasure de l'automne ! 4/5

6. Perfect Illusion


Le savoir-faire de Mark Ronson, la folie de BloodPop, le jeu de guitare flamboyant de Josh Homme, la créativité de Kevin Parker... Tous les ingrédients semblaient réunis pour proposer un premier single explosif. Pourtant, "Perfect Illusion" est loin d'avoir fait l'unanimité, en premier lieu parce qu'il a calmé les ardeurs des fans qui espéraient un retour purement pop. Une manière de préparer le terrain pour cet album aux antipodes ? Peut-être bien. Avec sa production lorgnant vers les années 80, rythmée par des synthétiseurs et des riffs électriques, "Perfect Illusion" n'est pas foncièrement condamnable et pourtant, l'ensemble manque cruellement d'éclat. Si son texte désabusé se prête à l'épanchement, Lady Gaga fait preuve d'un peu trop de zèle, poussant sa voix enragée dans la zone rouge. Et alors que le titre donne l'impression de prendre progressivement de l'ampleur, le dernier tiers retombe comme un soufflé. Dommage ! 2,5/5

Découvrez le clip "Perfect Illusion" de Lady Gaga :



7. Million Reasons


Libérée de toutes ses excentricités, Lady Gaga fend plus que jamais l'armure sur cette ballade désarmante aux accents country. Loin des bancales "You and I" ou "Dope" du passé, l'artiste semble s'être parfaitement trouvée ici. Le coeur à découvert, elle se confie sur une relation qui prend l'eau, accompagnée d'un piano et de riffs de guitare, sur un texte déchirant, à l'authenticité pure. « I've got a hundred million reasons to walk away / But baby, I just need one good one to stay ». L'émotion est au rendez-vous et Hillary Lindsey, célèbre pour ses tubes country, n'y est pas étrangère. "Million Reasons" a tout pour rester un classique de Lady Gaga et donner des frissons au public lors de ses prochains concerts. Sublime. 5/5

8. Sinner's Prayer


Lady Gaga enfile de nouveau ses santiags sur cette pépite nous téléportant dans les grandes plaines. Inspirée par Dolly Parton, la chanteuse nous conte, avec justesse, une double histoire d'amour tumultueux et d'affirmation d'identité. « Hear my sinner's prayer, I am what I am / And I don't wanna break the heart of any other man, But you, but you ». Sous la plume de Father John Misty, l'artiste, la voix plus basse et posée, revendique ses pêchés et demande à son homme de l'accepter comme elle est. Doit-on y voir un double sens vis-à-vis de son public, pas tout à fait prêt à accepter sa mutation artistique ? Peu importe les significations : la magie opère instantanément. La production, sans artifice, repose sur des guitares clinquantes mais ça et là pointent par fulgurance un harmonica et quelques notes de piano. Tout est subtil et pétri de musicalité. Une perle ! 4,5/5

9. Come to Mama


L'expérience "Cheek to Cheek" a marqué Lady Gaga. Et ça se sent à l'écoute de "Come to Mama", avec sa touche jazzy et bluesy. Inspirée également par la Motown, la chanteuse se montre pleine d'espoir sur ce morceau écrit et produit avec Emile Haynie (Eminem, Lana Del Rey, Emeli Sandé...). Protectrice et maternelle, avec Dieu dans les veines, elle souhaite rassurer une personne perdue durant une période de turbulences, et délivre au passage un message d'amour fraternel et d'apaisement dans une société qui broie les âmes fragiles. « The only prisons that exist are ones we put each other in » clame-t-elle, en ouvrant ses bras et en assurant que tout ira bien. Aimons-nous les uns les autres, en somme. Et en ces temps compliqués, ce n'est jamais de trop de le rappeler - même si la chanson manque quelque peu de relief. 3/5

10. Hey Girl (feat. Florence Welch)


Un duo entre deux des plus grandes interprètes en activité ? Vous en rêviez, Lady Gaga et Florence + The Machine l'ont fait ! Hélas, l'écoute de "Hey Girl" laisse un goût amer en bouche. D'abord, parce qu'on a la désagréable impression d'entendre un ersatz de "Benny and the Jets" d'Elton John, avec cette rythmique en deux temps au piano. L'hommage aux années 80 paraît trop appuyé, et si Florence apporte la harpe qu'elle aime tant faire résonner sur ses compositions, le produit final pèche par un manque global de créativité. Tout n'est pas à jeter : raccord aux paroles appelant à la solidarité féminine, l'alchimie entre les deux stars est bien là, et leurs voix se marient avec une douce harmonie. Et c'est bien cela qui sauve le titre, somme toute agréable à écouter ! Mais avec ces deux divas derrière un micro d'argent, on était en droit d'attendre plus. Beaucoup plus... 3/5

11. Angel Down


Tout le monde se demandait - RedOne lui-même d'ailleurs - si les titres enregistrés avec le producteur de ses plus grands tubes figureraient sur "Joanne". Oui ! Sur huit morceaux, un seul a terminé sur la tracklist. Et pas de dance à l'horizon. Au contraire ! Le tandem qui a donné naissance à "Just Dance" ou "PokerFace" mise sur le sobriété, avec cette ballade religieuse et extrêmement dépouillée, écrite avec RedOne mais produite avec Mark Ronson et BloodPop. Inspirée à l'origine par le meurtre du jeune afro-américain Trayvon Martin aux États-Unis ("Shots were fired on the street / By the church where we used to meet"), la chanteuse se met à genoux pour prier, perdue dans un monde qui part à la dérive. Un très joli moment. D'ailleurs, sur la version deluxe, une démo dévoile une version acoustique, encore plus brute et touchante de cette chanson. 3,5/5

12. Grigio Girls


Derrière cette ballade acoustique à la guitare se cache une vibrante déclaration d'amitié. A travers l'intime "Grigio Girls", Lady Gaga rend hommage à son amie Sonja Dunham, qui lutte depuis des mois contre un cancer du sein. Devant l'inéluctable destin qui s'apprête à la frapper, la chanteuse dresse le portrait d'une femme combative, une « Texas girl real strong », comme si elle se préparait déjà à son absence et tentait de se rappeler, à travers ces paroles et une émotion contenue, de son courage. Loin d'être plombante, la chanson est au contraire pleine de vie, tirant son nom des soirées qu'elles ont passées à refaire le monde et à boire du vin italien. Le morceau s'achève d'ailleurs dans des rires en cascade, comme un pied de nez à l'épée de Damoclès prête à s'abattre. Un joli moment de sincérité, qu'on oublie assez vite toutefois. 2,5/5

13. Just Another Day


Ce titre bonus de "Joanne" est le seul que Lady Gaga a écrit toute seule. Sur une production partagée avec Mark Ronson, Gaga livre une chanson à l'aura rétro, entre pop et jazz, dans la plus pure tradition, qu'elle aurait pu reprendre quand elle était encore inconnue à chanter dans des bars. Sur une mélodie très simple, et avec New York et les Beatles comme inspirations, la chanteuse se met à nouveau dans la peau d'une diva de l'époque, délivrant une interprétation malicieuse et classieuse, tandis que s'invitent des synthés saturés pour trancher avec l'atmosphère de piano-bar chic, à l'ancienne, qui vient en tête à chaque écoute. Oubliable mais sympathique. 3/5

Pourquoi Lady Gaga n'a pas livré cet album "Joanne" sous son vrai nom Stefani Germanotta ? Car sur des textes très personnels, la chanteuse dévoile une facette inédite sur ce disque d'abord surprenant puis captivant grâce à son authenticité. Malgré tout, avec Mark Ronson, RedOne ou Florence Welch à ses côtés, Gaga aurait pu proposer une pluie de tubes, ce qui manque cruellement ici. Elle confirme néanmoins ce qu'on savait déjà : plus qu'une popstar, c'est une artiste caméléon.


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Plus d'infos sur Lady GaGa sur son site officiel et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez la discographie de Lady Gaga sur Pure Charts.

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