L'Impératrice

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Trois ans après le raz de marée du mouvement #MeToo, les voix s'élèvent enfin dans le monde de la musique, jusqu'ici très opaque. Alors que les rappeurs Moha La Squale et Roméo Elvis ont été accusés d'agressions sexuelles, le célèbre parolier Yohann Malory (Jenifer, M. Pokora...) est actuellement visé par quatre plaintes. La chanteuse Lola Le Lann a décidé d'annuler la sortie de son premier album début octobre après avoir pris connaissance des faits concernant son auteur. En parallèle, le mouvement MusicTooFrance a récolté plus de 300 témoignages grâce aux appels à témoignages relayés sur les réseaux sociaux. Désormais, c'est Flore Benguigui, chanteuse de l'excellent groupe français L'Impératrice, qui prend la parole.

"Il me touchait, j'étais sa marionnette"

Dans l'émission "C à Vous", elle a tenu à dénoncer les violences sexuelles dont elle a été victime à ses débuts alors qu'elle venait d'intégrer un groupe de musique. « Je me suis fait virer après le premier concert par le leader du groupe qui me dit : "Ecoute Flore, ça ne m'intéresse pas du tout la manière dont tu chantes. Moi, tout ce qui m'intéresse, c'est que tout le monde ait envie de te baiser. Et personne n'a envie de te baiser car t'es là, avec ton balai dans le cul. Tu nous fous la honte" » a témoigné l'interprète de "Fou". Face à Tancrède Bonora, Flore a confié avoir été « anéantie » et en larmes lors cette annonce brutale : « Je ne m'attendais pas à ça, c'était extrêmement violent. En plus, il a ajouté quelques exercices pratiques du type : "Sors en boîte, prends de la coke, tape toi des mecs, ça ira mieux". »

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Une expérience traumatisante pour la chanteuse, qui avait également subi jusqu'ici un comportement particulièrement hostile et toxique de la part du leader de ce groupe. « Je me rappelle qu'il me touchait, j'étais sa marionnette. Il me disait comment m'habiller, comment bouger sur scène. Je n'avais pas le droit d'écrire. J'étais vraiment la plante verte » s'est souvenue Flore, devenue aujourd'hui la voix emblématique du groupe L'Impératrice. A l'époque, la débutante n'a pas porté plainte contre son agresseur : « J'avais 22 ans, j'étais vraiment un bébé. J'étais absolument pas consciente de la gravité de la situation. On est prêtes à se faire traiter comme ça, à se faire harceler, moralement et physiquement, pour pouvoir y arriver. On sait qu'on doit passer par là pour y arriver dans la musique aujourd'hui ».

"Il y a beaucoup de prédateurs sexuels dans la musique"

Témoin d'une véritable omerta au sein de l'industrie musicale, Flore Benguigui a également raconté ce jour où un dirigeant de label lui a demandé de simuler un orgasme en plein enregistrement : « Je ne suis pas capable de faire ça. Je n'ai pas envie de simuler un orgasme dans un micro, ce n'est pas ma place. Tu es super gênée quand on te demande ça. Surtout qu'en général, tu n'es pas dans une situation de confort. Tu es face à quelqu'un de plus âgé, plus expérimenté qui est en train de te juger. Et si tu le fais pas, ce qu'on te répond c'est : "De quoi t'as peur ? Tu n'as pas envie d'y arriver ?" ». Selon elle, il y a « beaucoup de prédateurs sexuels » dans la musique actuellement : « Beaucoup savent que des filles sont pieds et poings liés à un label, à un groupe, à des gens malveillants. Vraiment, il y a des violences sexuelles graves dans ce milieu et personne ne parle parce que tout le monde a peur, les femmes ont peur ».