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jeudi 25 avril 2024 18:02

Justice sort "Hyperdrama" : on a écouté l'album ! Notre critique titre par titre

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Justice fait son grand retour ce 26 avril avec "Hyperdrama", un quatrième album qui ouvre le champ des possibles pour le célèbre duo français. Entre les multiples collaborations avec Tame Impala ou Miguel et des singles taillés pour la scène, que vaut vraiment le disque ? Critique, titre par titre !
Crédits photo : Pochette de l'album

1. "Neverender" feat. Tame Impala


C'est l'entrée en matière idéale, à la fois pour le retour des beaux jours ensoleillés et pour cette nouvelle épopée de Justice. Pour la première fois, le duo français, devenu ambassadeur de la french touch à travers le monde, élargit son cercle de confiance à de nouveaux collaborateurs, de manière officielle. Et la rencontre de Kevin Parker, la tête pensante de Tame Impala, fait parfaitement sens à l'écoute de cette piste introductive à la puissante californian vibe, habilement équilibrée entre dreampop, rythmique funk et pulsations électro. Les yeux aveuglés par un coucher de soleil rougeoyant, Justice glisse ça et là des petits glitchs sonores comme pour nous préparer à la suite... en rupture totale.

2. "Generator"


Grosse montée de "Stress" à l'entame de "Generator", « qui résume le mieux la philosophie de "Hyperdrama" » selon ses créateurs ! L'entame, épileptique, donne le ton de cinq minutes hallucinantes où l'amour de Gaspard Augé et Xavier de Rosnay pour le gabber, une techno hardcore née dans les années 90 aux Pays-Bas, fracasse la tête et fait trembler les murs. Dans ce chaos concentré, les envolées de cordes inquiétantes sont brutalement rompues par des breaks qui nous téléportent dans la moiteur des raves berlinoises. Et quand un pont musical disco apporte un peu d'accalmie, c'est pour mieux repartir dans une frénésie explosive. La claque !



3. "Afterimage" feat. Rimon


La symbiose entre les deux facettes de Justice (techno frontal vs. pop planante) s'opère sur cette superbe collaboration avec Rimon, artiste originaire d'Amsterdam à la voix suave ô combien sensuelle. Les premières secondes, trompeuses, laissent penser qu'on reste dans un état de pure adrénaline mais très vite, les harmonies vocales de la chanteuse apportent une doucereuse chaleur réconfortante. La montée crescendo aux synthés a des réminiscences de "Love S.O.S" et là encore, les ruptures de ton sont utilisées avec intelligence pour créer une émulsion jusqu'à un dernier tiers absolument splendide. Coup de coeur !

4. "One Night / All Night" feat. Tame Impala


C'est le premier single à avoir été divulgué fin janvier, et on comprend pourquoi. « Très Justicien dans l'âme », ce morceau repose sur un gimmick cold-wave qui entraine l'auditeur vers l'endroit de toutes les libertés : le dancefloor ! « L'idée du morceau était de faire coexister disco et techno hardcore mais tour à tour. On passe de l'un a l'autre de manière abrupte et pourtant fluide » avance le tandem, et si le processus aurait pu être casse-gueule, il utilise des respirations pour mieux mettre en lumière cette ligne de basse imparable et la voix de miel de Kevin Parker. On le sent bien sur cet album et ce titre en particulier, tout a été calibré pour créer de formidables moments de communion en live. Ça tombe bien, après Coachella, Justice se produira à Bercy en décembre !

5. "Dear Alan"


L'outro de "ON/AN" (pour les intimes) s'enchaîne avec "Dear Alan", une pépite instrumentale d'une durée de 5min33, soit le morceau le plus long du disque. Sans autre parole que des choeurs en écho, ce titre à la basse funky, très dreamy avec ses arrangements electronica, rappelle le bon souvenir du début des années 2000. On se surprendrait à l'écouter sur une route longeant les falaises, en plein été... jusqu'à cette cassure à 3min40 précisément qui fait basculer le titre dans une sorte d'hymne à la "Baba O'Riley" des Who, qui accélère la cadence jusqu'à la déraison. Grisant !

6. Incognito


Dotée d'une intro et d'une outro très cinématographique et 80's, cette piste en trompe l'oeil est un aller simple vers un cosmos rempli de matière noire. La mélodie, dévorante et qui vous prend à bras le corps, est traversée par des éclats de voix robotiques. On se croirait dans la phase course-poursuite d'un space opera avec, à mi-parcours, un battement de coeur qui s'emballe à l'approche du danger... avant l'inévitable affrontement, bruyant et assourdissant (trop peut-être). Une vraie expérience.


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7. "Mannequin Love" feat. The Flints


Pour cette association avec The Flints, Justice navigue en terrain plus familier. Les effets numériques sur la voix du duo britannique rappellent ceux de l'excellent "Randy", qui avait servi de fer de lance pour l'album "Woman". La chanson n'aurait pas dénoté au milieu du troisième opus du duo, puisqu'on y sent la même énergie et ce goût pour l'instrument - on y entend même un thérémine. Avec son format resserré de trois minutes et son refrain fédérateur, on tient-là un single potentiel !

8. "Moonlight Rendez-Vous"


"Moonlight Rendez-Vous" fait basculer l'album dans une digression hollywoodienne s'étalant sur plusieurs chansons. Avec son intro au saxophone, cette sérénade, aussi romantique que langoureuse, pourrait bien être un hommage appuyé à Vangelis, le regretté compositeur de "Blade Runner", et s'immiscer dans cette scène où Harrison Ford déclare sa flamme au personnage de Rachael dans un appartement traversé par les reflets de la lune. Les élans du coeur, parfois complexes à saisir, sont ici exacerbés par un solo de cuivre qui en dicte leur prise de conscience. Deux minutes nocturnes pour séduire les sensibles.

9. "Explorer" feat. Connan Mockasin


Dans cette exploration qui lorgne du côté de la science-fiction et du fantastique, "Explorer" est comme la pièce-maîtresse d'une bande-son de film. Si les microcoupures placées à dessein s'avèrent assez irritantes, on est happé par l'ambiance ténébreuse et énigmatique qui se dégage de cette composition baroque, et même inquiétante par moments. Notamment lorsqu'une voix maléfique à la Vincent Price dans "Thriller" vient prononcer quelques mots d'avertissement... Hyperdrama, vous avez dit !

10. "Muscle memory"


L'OVNI de cet album. Sans vrai schéma mélodique, ce morceau instrumental débute par les bips d'un électrocardiogramme avant de prendre des apparats de bande originale d'un classique comme "Tron" ou d'une oeuvre vidéoludique comme "Mass Effect", avec ce parfum épique comme l'on retrouve dans des séquences d'exploration. Un orgue cathédralesque vient alors se greffer pour en renforcer la dimension solennelle. La fusion entre ces pistes brouillées n'est pas la plus fluide à l'oreille, mais il est certain que la proposition intriguera les plus curieux.

11. "Harpy Dream"


Il fallait au moins une transition pour nous sortir du ciné-club et nous ramener tranquillement dans la discothèque. Cet interlude sert essentiellement à introduire ce qui apparaît, par un astucieux jeu d'assemblage, comme la chanson la plus tubesque et pop du disque...

12. "Saturnine" feat Miguel


Les effusions groovy nous sautent au visage, ou plutôt à l'oreille, instantanément, et c'est parti pour l'autoroute du plaisir ! Dès la première écoute, "Saturnine" impose sa redoutable attractivité grâce à des riffs en ébullition et surtout la performance vocale impériale de Miguel, qui n'a jamais sonné aussi séducteur. Il est intéressant de noter ici le travail effectué - ou plutôt son omission volontaire - sur la voix du crooner américain, dont le falsetto est laissé très pur, afin de lui conférer un aspect très Prince période "Kiss". Ultra cool, ultra smooth, le rendu est digne d'une supernova : incandescent et interstellaire !



13. "The End" feat. Thundercat


Comme un chat qui ronronne du tonnerre. En faisant appel au savoir-faire du chanteur, batteur, bassiste et producteur de soul-jazz-hip-hop américain sur le bien-nommé "The End", Justice conclut son odyssée sur une note chic. Le titre est coupé par un bridge quasiment a cappella où l'artiste lance « There's no coming back » avant que la chanson ne reparte de plus belle, dans une sorte d'euphorie rutilante. Le tout manque peut-être d'audace pour un bouquet final mais il offre un dénouement rempli de musicalité.

Disque de tous les extrêmes, "Hyperdrama" est la synthèse du son Justice. Grandiose et parfois grandiloquent, sauvage et maîtrisé, fou et éreintant, ce quatrième opus, au casting XXL, est un peu tout ça à la fois puisque le duo français ose le grand écart entre tubes pop immédiats, sessions frénétiques et compositions flirtant avec le cinéma. Un jeu d'équilibriste audacieux mais qui laissera quelques adeptes sur leur faim, bien qu'il décuple les perspectives pour le live.
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