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Le succès de son troisième album "LØVE" et de sa dernière tournée inspire. Frédéric Quinonero, auteur de nombreux ouvrages consacrés à Johnny Hallyday, Sylvie Vartan et Michel Sardou, s'est penché sur le destin de Julien Doré. La biographie - non-autorisée - "LØVE-Trotter" (éditions Carpentier) sortira chez les libraires le jeudi 16 avril. En 200 pages, elle revient notamment sur la jeunesse du chanteur de "Paris-Seychelles", son parcours professionnel au sein d'une manufacture et à l'école des Beaux-Arts de Nîmes, tout en rappelant ses débuts avec le groupe Dig Up Elvis et les détails de son passage par la case "Nouvelle star" (2007). Frédéric Quinonero dresse le portrait d'un homme intelligent et inspiré, mais en profite également pour mettre en lumière une facette de sa personnalité moins perceptible : son rapport aux médias et la manière dont il les a utilisés.

"Il a appris à jouer avec les médias, à s'en servir"

A plusieurs reprises, il évoque son univers décalé et son insolence lorsqu'il s'applique à transformer des chansons populaires comme "Moi... Lolita" ou plus récemment "Une femme amoureuse", toujours sur le fil de l'affront ou de l'hommage. Faut-il voir dans cette liberté de ton une forme d'art singulière - l'origine de son succès - ou une stratégie marketing bien pensée ? « Pendant cinq ans aux Beaux Arts, on réfléchit à ce qu'est de construire une image. Julien Doré n'est pas dupe, il a été formé à cette question-là. Il a appris à jouer avec les médias, à s'en servir. Il en connaît les rouages » affirme un membre de son entourage, dont l'identité est tenue secrète.

Dès "Nouvelle Star", l'artiste a démontré « une certaine intelligence du marketing » d'après un candidat de la saison 5 (Alex Fondja), ajoutant qu'il « s'amusait » de l'intérêt que la presse lui accordait à l'époque : « Il avait su retourner le principe : si l'émission l'utilisait, lui aussi utilisait l'émission ». En 2007, Julien Doré l'affirmait à Hit Machine Girl. « Je suis entré dans le système. Je me sers de lui comme lui se sert de moi. Ceux qui y bossent peuvent faire preuve d'humilité, et certains pourraient même devenir mes meilleurs amis » avait-il confié.

On le dit obsédé par son « souci permanent du paraître ». Gala s'emporte à son sujet et harangue qu'« il veut bien briller sur le tapis rouge au bras de la plus délurée des Miss Météo », mais qu'« il attaque en justice lorsqu'un magazine titre sur sa rupture avec la très fashion Louise Bourgoin ». De simples « postures » estime Alain Duverne, créateur de sa marionnette aux Guignols. « C'est un beau bobo, un peu maniéré qui adopte des postures pour plaire aux jeunes filles » a-t-il dit à Frédéric Quinonero. Plus loin dans le temps, alors qu'il triomphe avec son premier album "Ersatz", Julien Doré avouera qu'il crée un personnage pour la télévision, parce qu'il a « peur de se faire bouffer » (France Soir).

"Il envoyait déjà plus de marketing qu'autre chose"

Les exemples sont légion dans cet ouvrage et montrent la relation que l'artiste entretient avec les médias, ce qu'ils représentent pour lui. Sophie Delassein, journaliste au Nouvel Observateur et auteure d'une critique incendiaire de son premier album, n'est d'ailleurs pas très tendre avec lui à ce propos. « Ce garçon qui se disait amateur d'art contemporain envoyait déjà plus de marketing qu'autre chose » a-t-elle soufflé au biographe, croyant que Julien Doré était « comme tous ces apprentis chanteurs qui font du talent show » : « prêt à tout pour réussir ». « En fait, il y avait chez lui un double discours : à la fois celui de l'artiste intello esthétisant et celui qui chante "Lolita" d'Alizée. Il y avait une posture qui n'était pas très intelligemment faite. Le garçon se réclamait de Gainsbourg et de Bashung, mais tout ça n'était que du discours » renchérit-elle, estimant qu'il fait partie intégrante du « pur show-business », mais aussi que Julien Doré a su évoluer pour construire « brillamment une carrière ».

Avis partagé par Benoît Cachin, journaliste et biographe, lui aussi interrogé par Frédéric Quinonero. « Julien Doré a toujours été dans le système. Même si son attitude se voulait décalée. Il a tout compris en termes d'images et de marketing. Il est un enfant de Mylène Farmer. Il sait parfaitement comment utiliser les médias, les maisons de disques ». Pour lui, on ne peut pas parler de Julien Doré sans évoquer la notion de marketing et de gestion d'image, même s'il a « une vraie démarche artistique ».

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