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vendredi 10 août 2018 11:50

Jean-Michel Jarre, déshérité, sort du silence et saisit la justice européenne

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Pour la première fois, Jean-Michel Jarre brise le silence autour de la difficile succession de son père. Déshérité avec sa soeur, le musicien français a décidé de porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme.
Crédits photo : Bestimage
A 69 ans, Jean-Michel Jarre est de retour sur le devant de l'actualité. L'emblématique artiste français publiera le 14 septembre prochain le best of "Planet Jarre" pour célébrer ses 50 ans de carrière. Un projet gargantuesque de 41 titres répartis en quatre univers, qui comprendra deux morceaux inédits : "Coachella Opening" et "Herbaliser", disponible dès aujourd'hui à l'écoute. Mais ces derniers temps, ce n'est pas que pour la musique que le nom de Jean-Michel Jarre est fréquemment mentionné dans la presse. La bataille judiciaire autour de la succession de Johnny Hallyday fait écho à la propre histoire de l'héritage du compositeur Maurice Jarre, décédé en 2009. Comme Laura Smet et David Hallyday, Jean-Michel Jarre et sa soeur Stéfanie ont été écartés du testament de leur père en vertu d'une loi californienne. Une affaire portée devant les tribunaux et qui s'est soldée en septembre 2017 par un arrêt de la Cour de cassation validant les volontés du défunt musicien.

"Je n'ai aucun souvenir de mon père"


Dans une tribune publiée dans le Parisien Week-End, Jean-Michel Jarre accepte, pour la première fois, d'évoquer publiquement cette décision de justice afin de clamer son incompréhension. « La question qui était posée était la suivante : le droit français autorise-t-il un père à déshériter totalement ses enfants en utilisant une loi étrangère ? La Cour de cassation a répondu oui, sauf si les enfants sont dans une situation de précarité économique. Cet arrêt me laisse très perplexe et c'est un euphémisme. C'est un peu comme si la réussite enlevait tout droit élémentaire à la justice. Et puis, imaginons que l'un des enfants soit dans la précarité et l'autre pas, il y aurait donc un traitement différent pour chaque héritier ? » s'interroge l'auteur de "Oxygene".

Pour lui, il s'agit d'une « tentation de copier le système américain » qui « n'est pas un modèle en matière de protection sociale ». « Il n'est pas acceptable que l'on puisse librement porter atteinte à ce qui fait notre identité familiale, nos origines, à laisser brutalement effacer les traces d'une famille, les souvenirs qui nous lient les uns aux autres (...) Je me souviens qu'à l'issue des obsèques de notre père, à Los Angeles, dans sa maison même, son studio privé était fermé à clé pour qu'on ne puisse pas y avoir accès. Aujourd'hui ni ma soeur ni moi n'avons une trace, un souvenir de notre père » révèle-t-il avec regret.

La justice européenne devra trancher


En outre, Jean-Michel Jarre s'inquiète de l'avenir des oeuvres créées par son illustre père puisqu'il ne possède aucun droit moral, aucun droit de regard ni de protection sur l'ensemble de cet héritage conséquent. « Celles qui sont liées à l'histoire du Festival d’Avignon et du TNP, comme Le Prince de Hombourg ou Lorenzaccio, celles des premiers films d'Alain Resnais, de Georges Franju, sans parler des partitions de Lawrence d'Arabie ou du Docteur Jivago, iront, au décès de sa veuve malaisienne, dormir bien loin du Palais des papes ou, tout simplement, disparaîtront. Il s'agit là d'une partie du patrimoine français qu'on laisse partir » déplore-t-il.

C'est pour ces raisons que le pionnier de la musique électronique a décidé avec sa soeur Stéfanie de saisir la Cour européenne des droits de l'homme pour « manquement au respect des droits de la famille » et « atteinte excessive à la sécurité juridique ». « Il est urgent d'ajuster et de moderniser la loi, pour dépasser cette image balzacienne archaïque de la famille qui s'affronte autour du bas de laine caché sous le matelas et de prendre en compte la dimension humaine, morale et économique que représente une succession au XXIe siècle » conclut Jean-Michel Jarre, espérant enfin parvenir à « couper le cordon des rancoeurs pour vivre en paix ».

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