Indochine

Crédits photo : Abaca
On ne parle plus de que ça. Jeudi dernier, le groupe Indochine a publié sur Internet son nouveau clip "College Boy", extrait de son dernier album "Black City Parade", écoulé à près de 130.000 exemplaires. Réalisée par le jeune prodige Xavier Dolan, à qui l'on doit les films "Les amours imaginaires" ou "Laurence Anyways", la vidéo, longue de près de six minutes et précédée d'un message d'avertissement, a choqué l'opinion par son contenu violent, dénonçant le harcèlement et l'homophobie à l'école. En voulant « jeter un pavé dans la mare », le réalisateur et la bande de Nicola Sirkis se sont retrouvés au cœur d'une polémique et le CSA a menacé de censurer le clip. Fallait-il aller jusque-là ? La formation a-t-elle simplement voulu faire parler d'elle ?

Invité hier soir dans "Le Grand Journal" de Canal+, Nicola Sirkis s'est exprimé sur le sujet. S'il confesse avoir voulu « susciter des réactions », il ne s'attendait pas à ce que cela prenne des proportions aussi importantes. « C'est parti en vrille, un peu, beaucoup (...) Ça a été surdimensionné » a-t-il déclaré face à Michel Denisot et Daphné Burki. « C'est vrai, c'est un clip ultra violent (...) On n'est pas irresponsable, moi j'ai des enfants, je ne vais pas montrer ce clip à ma fille de 11 ans ». Mais le leader d'Indochine se défend de toute intention de faire le buzz. « Il y a eu des réactions assez blessantes sur le réalisateur et sur nous, comme quoi on aurait fait un coup marketing » a lancé le chanteur, qui pense cependant qu'après la vidéo, « la parole se libère ». Il a notamment cité un message reçu par un internaute lui disant : « Maintenant que j'ai vu ce clip je peux aller à l'école la tête haute ».

Re-découvrez "College Boy", le nouveau clip d'Indochine :



Mais est-ce que la polémique a occulté le message ? Lui estime au contraire qu'elle l'a peut-être aidé. « De toute façon, aujourd'hui, tout ce qui marche c'est suspect, dès qu'on ouvre sa gueule, c'est pour faire du buzz » a dénoncé avec ironie Nicola Sirkis. Selon lui, « le clip va aider beaucoup de gens », et les critiques, le chanteur d'Indochine préfère les balayer. « On nous a accusés de peut-être gagner de l'argent là-dessus. Comment on peut nous accuser, nous, un groupe comme nous, qui nous battons pour faire baisser le prix des places, des concerts pas chers... » s'est insurgé l'interprète de "Memoria". Au final, avant de déclarer que "Les anges de la téléréalité" est plus violente que son clip, il a lancé : « Où va le monde ? Il faut aussi réveiller les gens qui ne voient pas la réalité en face ».

Pour Xavier Dolan, François Laborde a crée un "scandale imaginaire"

De son côté, Xavier Dolan a souhaité adresser une lettre ouverte à Françoise Laborde, membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel, qui avait dénoncé la violence de son œuvre. Sur le site Huffington Post, il lui rappelle que l'idée de sa vidéo "College Boy" était de « fournir à la jeunesse une œuvre à la fois réaliste et poétique qui puisse illustrer (...) la brutalité dont ils sont à tour à tour les dépositaires, instigateurs, ou témoins ». Pour lui, censurer son clip est le témoin d'« une grande incompréhension (...) du contexte social dans lequel vous œuvrez ». Il estime que sa « lecture se limite aux surfaces » et qu'elle arrive « à table pour le débat sur la légitimation de la violence à l'écran avec environ trente-cinq ans de retard », lui reprochant d'avoir créé « un scandale imaginaire ». Au passage, il pointe du doigt les films et autres clips hip-hop qui inondent nos écrans.