Indochine

Crédits photo : Yves Bottalico
Il y a trois ans, Indochine publiait l'album "La République des Météors", qui fut l'occasion pour lui de repartir sur les routes pour une grande tournée qui s'est arrêtée un soir au Stade de France en juin 2010. Le groupe a enchaîné avec la sortie d'un DVD live et une réédition de "Paradize" ("Paradize + 10"). Cette aventure digérée, Nicola Sirkis et le reste du groupe se sont remis au travail, ont signé chez Arista avant d'annoncer la sortie de leur douzième album "Black City Parade" le 11 février 2013, puis se sont rapprochés de Live Nation pour annoncer en grande pompe « une tournée historique ». Une tournée qui pourrait les occuper entre deux et trois ans et qui passera au Stade de France en juin 2014, pour un soir et « peut-être même deux » nous a confié le label Arista (Sony Music).

"Black City Parade" : un rock moderne et synthétique

Qui dit nouvelle tournée dit nouvel album. Annoncé depuis plusieurs mois, le douzième effort d'Indochine est devancé par le single "Memoria", dont la version radio, longue de près de cinq minutes (sept pour la version album), rassurera les fans. Ballade planante, ce titre met la voix du frontman en avant et conjugue les différentes influences qu'on a pu entendre sur les albums d'Indochine par le passé.

"Black City Parade" a nécessité quatorze mois de travail, durant lesquels quarante titres ont été écrits. Seuls treize figureront à la tracklist de l'album, plus trois qui seront ajoutés en bonus sur différentes éditions digitales et deluxe. Enregistré et mixé par Shane Stoneback entre Paris, Berlin, Bruxelles et New York, "Black City Parade", s'inspire des déambulations du groupe dans ces grandes villes, mais aussi de Tokyo et Belfast. Du quotidien sont nés des « états d'âmes », mis en musique. Pas de duos sur ce nouveau disque mais quelques collaborations. Comme annoncé, Lescop a apporté sa pierre à l'édifice en co-signant le texte de "Trafic Girl". Tom Smith, du groupe The Editors, a également mis la main à la pâte pour la chanson "The Lover".

Globalement, à l'écoute de huit titres, ressort un sentiment de modernité. Le groupe a su jongler avec les influences new wave, notamment sur la chanson "Black City Parade", puissante avec ses gros riffs de guitare et de laquelle émerge un sentiment d'urgence face au monde qui court à sa perte. Avec quelques mots en anglais sur le refrain, et beaucoup de sons synthétiques, Nicola Sirkis chante le temps qui passe comme s'il était rappelé par son horloge biologique, sensation déjà perceptible sur "Memoria". Les nouveaux morceaux d'Indochine sonnent toujours aussi rock, et les textes ainsi que l'interprétation du leader n'évoluent guère. On parle d'homophobie dans "College Boy", passant d'un son acoustique à rock-électro, et du printemps rouge québecois dans "Le fond de l'air est rouge", un titre dont l'introduction rappelle "Mao Boy".

C'est davantage en termes de production que le groupe surprend, avec de nouveaux sons, notamment sur le titre "Le Messie", un ovni dans sa discographie. Musicalement, "Black City Parade" s'annonce dense, mais plus abordable que son prédécesseur. Mention spéciale à l'uptempo "Kill Nico", plus organique et qui rappelle les jeunes années du groupe. "Wuppertal" est tout aussi intéressant, avec sa partie de piano qui fait penser à "Lady Boy". Un morceau dans l'intensité où les chœurs emporteront assurément les auditeurs.