Indochine

Crédits photo : Abaca
« On va jouer totalement bénévolement, on va même investir de l'argent pour pouvoir présenter un concert digne et fort. (...) Les concerts debout c'est la majorité des concerts. Il faut prouver qu'ils vont pouvoir avoir lieu. On le fait pour une profession totalement sinistrée depuis deux ans, pour les artistes, pour les musiciens, pour les techniciens, pour tout le monde » martelait Nicola Sirkis à la mi-mai sur France 2, pour annoncer le grand concert-test organisé à l'Accor Arena de Paris dans le cadre d'une étude à grande échelle menée par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Objectif ? « Etudier les risques de transmission du virus SARS-CoV-2, responsable de la COVID-19, lors d'un concert à grande échelle en configuration debout, non distancié, dans une salle fermée ». Pour cette expérience, à laquelle a également pris part Etienne de Crecy, 4.400 personnes se sont rendues dans l'antre de Bercy en se soumettant à des tests PCR 48h avant l'événement et sept jours après sa tenue. Et les résultats de l'enquête, très attendus, sont enfin connus : ils « démontrent l'absence de sur-risque d'infection par le SARS-CoV-2 chez les participants » atteste l'AP-HP.

Pas de sur-risque de transmission dans les concerts

Sur les auto-prélèvements salivaires PCR 7 jours après le concert, seuls 8 sont revenus positifs. L'étude précise d'ailleurs que 5 des 8 personnes infectées l'ont été avant le jour J, le résultat de leur test n'étant pas connu au moment où ils sont entrés dans la salle. Dans l'autre groupe étudié dans le cadre de cette expérimentation, qui comprenait 2.200 participants n'ayant pas assisté au concert à Paris mais soumis au même protocole, 3 personnes ont été testés positives une semaine plus tard. Ainsi, les ratios de personnes contaminées à J+7 au sein de chaque groupe sont quasi identiques : 0,2% et 0,15%. Un chiffre qui « correspond au taux d'incidence en Île-de-France estimé dans les deux semaines précédant l'événement » indique l'AP-HP dans son rapport, se félicitant d'avoir mené à bien cet essai grandeur nature « incluant un nombre important de personnes ».

Les premiers résultats de l'étude SPRING s'appuyant sur le concert expérimental #AmbitionLiveAgain démontrent l'absence de sur-risque d'infection par le SARS-CoV-2 chez les participants au concert https://t.co/weFRQgGnou pic.twitter.com/1hHX19gzNV

— AP-HP (@APHP) July 8, 2021

"L'idée est de ne plus jamais arrêter le secteur culturel"

Surveillé par des caméras intelligentes, le public, composé à majorité de femmes (58%) et de personnes jeunes (âgé médian 27 ans), a respecté à 91% le port du masque selon les observations de l'outil d'intelligence artificielle. Une personne sur deux avait d'ailleurs reçu une première dose de vaccin. « On voit que les gens jouent le jeu, c'est un bon signe car on voit que la population est prête à vivre avec le vaccin » se félicite dans les colonnes du Parisien Constance Delaugerre, professeure de virologie à l'hôpital Saint-Louis de Paris en charge du projet. Pour la spécialiste, les résultats de cette étude sont très encourageants. « C'est la première fois que sur le plan scientifique nous avons réussi obtenir des résultats aussi robustes, la plupart des autres études étant observationnelles » note-t-elle, ravi des conclusions évaluées : « Cela donne de l'espoir. L'idée c'est de ne plus jamais arrêter le secteur culturel ».

A l'heure actuelle, alors que les concerts debout sont de nouveau autorisés en France, tout événement de plus de 1.000 personnes est soumis à un pass sanitaire obligatoire. « Certains font comme si les jours heureux étaient revenus, mais la pandémie est encore là, la suppression du pass sanitaire ne peut être envisagée dans l'immédiat, ce serait irresponsable » confiait il y a quelques jours la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, opposée à la suppression de cette mesure décriée par les organisateurs de festivals notamment, qui ont constaté une baisse de fréquentation sur les concerts concernés.