Indochine

Crédits photo : Capture d'écran Pure Charts

Retrouvez aussi les histoires des tubes "L'aventurier", "J'ai demandé à la lune", "College Boy", "Un été français" et "Nos célébrations" sur Pure Charts.

« Une fille au masculin, un garçon au féminin... » 35 ans après sa sortie, "3e sexe" reste une chanson toujours d'actualité en raison de son évocation de la question du genre, de plus en plus au coeur de notre société. C'est d'ailleurs avec Christine and the Queens que le groupe a enregistré une nouvelle version de son tube, baptisée "3SEX". Au micro de Pure Charts, Nicola Sirkis se souvient de la naissance de cette chanson, suite à un choc face à la culture anglaise des années 80 : « J'étais à Londres, et je voyais de plus en plus toute cette vague de groupes comme The Cure, Depeche Mode ou Japan qui étaient très maquillés. Je trouvais ça joli, ce côté un peu théâtre japonais. Les mecs et les nanas se ressemblaient totalement, ils étaient totalement lookés avec le même maquillage et je trouvais que cette génération était très belle ».

"La maison de disques ne voulait pas que ça sorte"

Se désolant que le rock ne soit « pas très sexué » en France, Nicola Sirkis a eu envie de rendre hommage à cette nouvelle génération qu'il a vu à Londres et qui, selon lui, n'aurait pas été acceptée de la même manière dans l'Hexagone : « Je me suis dit "Si ces deux personnes que je vois à Londres viennent à Paris ou en Province, on va leur jeter des pierres". Le message était de dire que les gens les plus pervers sont ceux qui crachent sur ces gens-là. C'est cette tolérance-là, ou plutôt cette intolérance-là, qui m'a fait écrire ce morceau ». En quittant les textes exotiques et aventureux du "Péril jaune" pour évoquer des sujets plus sociaux, Indochine fédère un plus large public. Véritable hymne à la tolérance sexuelle, "3e sexe" s'écoule à plus de 600.000 exemplaires tandis que l'album "3" (sur lequel on retrouve également "Canary Bay" ou "3 nuits par semaine") s'arrache à plus de 800.000 exemplaires. C'est la consécration ultime pour Indochine !



« Je ne m'attendais pas à ce que ce soit totalement hymnique et qu'encore aujourd'hui, des gens dans la rue m'arrêtent pour me dire "Cette chanson était très importante pour nous" ou est "toujours importante". C'est fou » se souvient Nicola Sirkis. Cependant, la chanson a été difficile à faire accepter à la maison de disques : « Aux radios, ils ont été forcément obligés [de la jouer]. Je me rappellerais toujours des gamins de 10-15-20 ans qui appelaient les radios en disant "On veut écouter 3e sexe". Ils étaient affolés. La maison de disques nous connaissait un peu donc ils ne voulaient pas nous empêcher de le sortir, mais ils ne voulaient pas que ça sorte en single en disant que c'était marqué trop "homosexualité" et on allait perdre tout notre public féminin. C'était la grande théorie des maisons de disques à l'époque, et on les a tous retrouvés en train de faire des boys-band ». Alors que la question du genre ne cesse de revenir au devant de la scène, que ce soit au niveau social et culturel, Nicola Sirkis trouve à la fois triste et bien que "3e sexe" soit toujours d'actualité : « Le monde est toujours raciste et homophobe mais la jeunesse est porteuse d'espoir là-dessus ».

Ecoutez "3e sexe" d'Indochine, ainsi que la version avec Christine and the Queens :