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lundi 24 février 2014 10:15

Indila en interview : "J'ai été étonnée de la comparaison avec Najoua Belyzel"

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Inconnue ou presque il y a trois mois, Indila signe le tube de cet hiver 2014 avec sa chanson "Dernière danse", qui annonçait la sortie d'un premier album baptisé "Mini World". Tout en discrétion, elle débarque sous le feu des projecteurs et entend bien se préserver... Indila fait un premier pas en avant et nous a dévoilé quelques pans de sa personnalité. Rencontre avec cette artiste au talent certain mais dont on ne sait pas grand chose...
Crédits photo : DR.
Propos recueillis par Jonathan Hamard.

Ce sont sans doute les questions qui taraudent bon nombre d'auditeurs depuis quelques semaines... Qui êtes-vous et d'où venez-vous ? Aura-t-on un jour une vraie réponse ?
Ma réponse à moi, c'est d'essayer de se rapprocher de l'essentiel. Ma vie est faite de musique. Je suis un peu comme une petite note de musique qui déambule au fil des mélodies qui lui plaisent. J'aime improviser dans différents genres musicaux. Que vous dire de plus... ? J'ai préservé quelques rêves que j'ai attendus de pouvoir partager avec tous ceux qui aiment vivre avec la musique. Je crois qu'on y est.

Au milieu de l'hyper-médiatisation de la vie des artistes, et alors que les réseaux sociaux sont utilisés comme de véritables outils de communication, vous restez discrète. C'est un parti pris volontaire ou est-ce totalement inhérent à votre personnalité ?
Je pense que, pour être cohérent avec soi-même, il faut faire des choses qui nous correspondent. Il faut savoir se faire violence lorsque cela est vraiment nécessaire. Quand ce n'est pas nécessaire, je préfère éviter. La médiatisation, les réseaux sociaux... C'est vrai que c'est très actuel. Mais en ce qui me concerne, j'aime prendre la parole quand il y a quelque chose d'intéressant à dire. En toute humilité. Je ne suis pas quelqu'un de très bavard. J'ai moi-même un peu de mal à m’accoutumer à Facebook et à Twitter. Je fais des efforts. C'est contre ma nature de prendre la parole comme ça. Alors j'interviens de temps en temps, de manière sincère, plutôt que de suivre une espèce de machine déferlante. On risque de rentrer dans des automatismes. Et, selon moi, on s'égarerait.

D'arriver comme ça, sous le feu des projecteurs, vous ne trouvez pas ça effrayant ? Comment arrivez-vous à gérer les demandes du public et les besoins de promotion dont votre label doit vous faire part...?
Je fais un pas vers ce qui est dur pour moi. En espérant que de l'autre côté, les gens fassent aussi un pas vers moi, pour faciliter le rapprochement. Je pense que la vie comme la musique, c'est un partage. On doit tous mettre un peu du notre. Les interviews que je donne actuellement, ma manière de me manifester, c'est faire un pas en avant. Ce n'est pas quelque chose d'évident pour moi. Je commence à me dévoiler, je sors de mon "Mini World" finalement (sourire) ! C'est comme ça que je le ressens. Pour ce métier, je sais qu'il ne faut pas être introvertie. J'ai encore un peu de mal.

Dans ce milieu, on peut vite avoir un ego sur- dimensionné
Vous vous faîtes donc violence...
Je vous le dis vraiment, ce qui compte par dessus tout, c'est que les gens se focalisent sur l'essentiel. Sans la musique, je n'existe pas. Ce qui existe, c'est une chanson. C'est un moment qui accompagne les gens pendant quelques minutes. C'est ce qui les rend heureux. Le reste, c'est du superflu. Ça pourrait nous perdre.

Justement, n'avez-vous pas peur de vous perdre dans cette industrie du disque qui roule à cent à l'heure ?
C'est une de mes plus grandes craintes, effectivement, pour être tout à fait transparente. Après, j'ai la chance d'avoir à mes côtés une très belle équipe. Vraiment. Elle est solide comme un roc. Je m'y attache beaucoup d'ailleurs. La plupart du temps, je reste dans cette ville-là [ndlr : Paris], parce que c'est ici que je me sens bien. Je compte beaucoup sur ça pour me préserver un maximum. Parce que dans ce milieu, on peut vite avoir un ego surdimensionné. On peut vite s'oublier soi-même ! On peut perdre certaines valeurs. Moi, je n'ai pas envie de perdre tout ça.

Cette identité à laquelle vous faîtes référence, elle me surprend aussi. Car on est quand même assez éloigné de ce que vous avez chanté pour plusieurs rappeurs comme Rohff et Soprano... Comment avez-vous évolué ?
Ils m'ont tout d'abord fait l'honneur de vouloir partager leur musique avec moi. Et je les en remercie encore aujourd'hui. A l'époque, quand j'ai collaboré avec tous ces artistes de la scène urbaine, j'ai vécu de belles choses. J'ai eu cette opportunité de présenter un premier pan de mon univers. Mais il est vrai que dans un autre sens, je n'avais pas beaucoup de place pour défendre ma musique. On était deux. Aujourd'hui, sur "Dernière danse" et sur ce premier album, je peux m'exprimer sans penser à la contrainte de laisser de la place à l'autre. Parce qu'il faut toujours veiller à ça. Il faut garder sa place, l'exploiter, et penser à l'autre. Pour "Dernière danse", il n'y avait personne d'autre que moi.

Regardez le clip "Dernière danse" d'Indila :



A quel moment avez-vous pensé à démarrer une carrière solo ? Le déclic a-t-il été le featuring "Dreamin'" avec Youssoupha ?
Non. Ça n'a rien à voir. Peut-être que ça a été un déclic pour le reste du monde, mais, pour moi, je mets "Dreamin'" sur le même piédestal que toutes les autres collaborations que j'ai pu faire. Parce que je me suis investie dessus de la même manière et je les ai vécues aussi intensément les unes que les autres. Je ne fais pas de différence. Mais je peux comprendre que ce soit ce featuring là qui a le plus marqué le public. Réaliser cet album, c'est quelque chose que j'ai entamé avant cette collaboration avec Youssoupha.

Une ascension aussi radicale, ce n'est pas évident.
Vous comprenez que certains auditeurs puissent être désappointés en découvrant la nouvelle image d'Indila, après l'avoir découverte aux côtés de rappeurs ? Êtes-vous consciente que ceux qui vous connaissaient peuvent se poser des questions sur cette évolution ?
Oui. C'est tout à fait normal. C'est quelque chose que je peux comprendre. On est attaché à une image, à un code... Et on assiste à un bouleversement radical. Mon message, c'est de rappeler que la musique n'a pas de règle et qu'une émotion, d'un jour à l'autre, n'est jamais la même. Je pense qu'on est tous en perpétuel changement. J'espère changer dans le bon sens en tout cas (sourire). On peut changer de style de musique tout en restant la même personne.

On est en droit de se demander qui est la vraie Indila...
Si vous voulez, moi je fonctionne à l'image de la musique. Cet album, c'est ma façon de voir et de vivre la musique. Ce que j'aime rappeler, ou en tous cas essayer d'exécuter, c'est d'aller au-delà des genres musicaux. Je veux me libérer de ce carcan-là. La musique, elle est unique. Et c'est la même pour tout le monde. C'est quelque chose qui vraiment nous unit tous. Que je change de tenue, de style, c'est simplement vivre la musique et se laisser porter par ses émotions. J'ai presque envie de dire que ce n'est pas un vrai changement finalement.

Entre "Dreamin'" et "Dernière danse", il s'est écoulé presque deux ans. En novembre dernier, vous reveniez avec votre premier titre solo et signez l'un des tubes de l'hiver... C'est très rapide. Comment analysez-vous ce succès immédiat ? Comment le gérez-vous ?
Je pense qu'on ne comprend pas trop... Moi, personnellement, je n'ai pas vraiment vu venir les choses. Je crois qu'on n'est jamais prêt. Une ascension aussi radicale, ce n'est pas évident. Il y a des sensations totalement nouvelles. Il y a un engouement plus prononcé. Il y a plein de choses que je vis pour la première fois et que je ne connaissais pas du tout. Tout ça, il faut que j'apprenne à le canaliser, à le relativiser et à en prendre uniquement le bon côté. Ma destination est inconnue. Je me laisse border et l'on verra bien où ça me mènera.

Peut-être à l'international ? Quelles sont vos ambitions ?
Je suis amoureuse de la musique avec un grand M. J'adore la musique. J'adore le fait de pouvoir la partager. Si j'avais l'occasion d'aller bien au-delà de notre bel Hexagone et de faire découvrir ma musique au reste du monde, j'en serais ravie. C'est certain.

Crédits photo : DR.
Difficile de parler de pop, de musique du monde ou de R&B... Il y a une patte Indila, c'est indéniable. Pourtant, je crois que certains auditeurs trouvent des similitudes avec Najoua Belyzel. Qu'est-ce que vous inspire cette comparaison ?
J'ai aussi été étonnée moi-même de découvrir cette comparaison. Je ne pensais pas avoir des similitudes vocales avec cette belle artiste. Mais, pour moi, ça reste agréable. Vraiment. Toute comparaison est agréable. J'ai aussi entendu Marie Laforêt et Natacha Atlas (sourire). Je peux comprendre que les gens ont besoin de comparer. C'est quelque chose de très français d'ailleurs. Je m'y fais. Je pense que, ce qui nous unit tous en tant qu'artiste, que ce soit Najoua, Marie Laforêt ou Piaf, c'est l'émotion.

Quand je crée une mélodie, j'aime m'auto-surprendre
Pour ma part, j'ai beaucoup pensé au groupe Mecano en écoutant le titre "Love Story".
Vous m'enchantez (sourire) ! J'adore Mecano. C'est un des groupes qui m'ont beaucoup influencé. Ce sont d'ailleurs mes frères qui m'ont fait découvrir la musique que je veux défendre aujourd'hui. C'est mon grand-frère qui m'a fait écouter Mecano pour la première fois. Je suis littéralement tombée amoureuse.

Et puis... Il y a Charles Aznavour. Votre titre "Dernière danse" s'inspire beaucoup de la chanson "Parce que tu crois". Est-ce qu'on peut parler d'hommage ?
C'est Skalp qui est à la prod. Il faudrait que je lui demande si ça a été vu comme un hommage ou un pur hasard. "Dernière danse" ressemble à d'autres titres. On retrouve des influences qui sont très anciennes selon moi. Je pense que c'est une grille d'accords qui passe le temps et qui se renouvelle finalement.

La vie est difficile mais elle vaut la peine d'être vécue
Skalp a réalisé l'intégralité de l'album et vous, vous signez les textes et les mélodies. Peut-on parler d'un tandem à l'image de Mylène Farmer et Laurent Boutonnat ou Shy'm et K-Maro ?
Je ne sais pas (rire) ! Je vous laisse choisir. Je ne connais que le mien. Je ne sais pas comment ces deux autres tandems fonctionnent. Mais je peux vous dire que j'y tiens beaucoup et je m'y accroche.

La patte Indila, vous pensez qu'elle séduit parce qu'elle se démarque de tout ce qui se fait à côté actuellement ? Ou pensez-vous au contraire qu'il faut rentrer dans le moule pour plaire au plus grand nombre ?
Il y a une chose qui est sûre, quand je crée une mélodie, j'aime m'auto-surprendre. Je sais que c'est assez curieux de dire ça. Je serais triste de faire des chansons que j'ai déjà anticipées et qui ne me font pas voyager. Quand je crée, j'ai besoin d'être la première à voyager. Et donc, forcément, dans ma manière de faire la musique, je ne vais pas dire que je suis avant-gardiste, mais je vais chercher à m'étonner pour ensuite étonner.

Entre ces rêves d'artiste et le produit fini, à savoir l'album "Mini World", vous êtes passée comme vous l'avez dit par une phase de canalisation. Mais, vous avez aussi dû convaincre un label qui a des exigences. Avez-vous dû retoucher votre album ou est-il à l'image de ce que vous souhaitiez ?
Ça fait longtemps que je fais de la musique de manière très libre. Sans contrainte. Je n'ai signé que récemment alors que, finalement, ça fait pas mal de temps que j'étais seule avec Skalp à décider. C'est vrai que maintenant je suis dans une famille plus grande. Mais on échange beaucoup. Tout se passe dans l'échange. Ce sont mes alliés. On avance ensemble pour des raisons communes. J'ai aussi la chance d'avoir une maison de disques qui est très à l'écoute, qui fait ce qu'il faut pour préserver l'artiste que je suis, et qui met tout en oeuvre pour que ça marche bien. Je ne pense pas avoir à me plaindre. Jusque-là du moins (sourire).

Je trouve "Min World" relativement sombre et mélancolique. Qu'est ce qui vous inspire cette tristesse ?
En fait, mon album raconte l'histoire de la vie qui passe. Je parle vraiment de tous ces moments qu'on a pu vivre. Je pense que le bonheur se trouve dans les choses simples. Mon album, j'ai voulu le faire de la façon la plus simple qui soit. J'aborde des thèmes très réalistes. Dans la vie, parfois on pleure. Parfois on est mélancolique. Parfois on danse. C'est vrai qu'il y a énormément le thème de l'absence et celui du vide qu'elle laisse. Mais, j'ai aussi fait en sorte qu'il y ait également dans cet album tout ce qui peut nous aider à oublier ce vide-là. Comme l'amour et l'espoir ! Je voulais faire passer comme message que la vie est difficile mais qu'elle vaut la peine d'être vécue.

A l'écoute de cet album, j'ai presque envie de vous demander si vous ne seriez pas un ange blessé...
Je ne dirais pas ça comme ça. Je dirais que j'ai beaucoup enduré. Comme tout le monde ! Je suis cette petite personne inconnue qui a vécu les mêmes choses que tout le monde. A échelle différente. Avec des traits de caractère différents.

Finalement, que peut-on vous souhaiter pour cette année 2014 ?
De rester la même ! Vraiment. Quoi qu'il arrive. Continuer à vivre la musique sans frontière et chanter le plus longtemps possible...

... Sur scène ?
Oui. Une scène que je ne connais pas encore très bien et que je vais devoir apprivoiser. Mais je ne sais pas encore quand.


Découvrez notre critique de l'album "Mini World", titre par titre.


Plus d'infos sur l'actualité d'Indila sur son site officiel et sa page Facebook officielle.

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