Grand Corps Malade

Crédits photo : Villa Schweppes
Propos recueillis par Matthieu Renard.

Lundi soir, Grand Corps Malade prenait le contrôle de la Villa Schweppes pendant le Festival de Cannes. Au programme ce soir-là, la projection du court-métrage "Le bout du tunnel" en début de soirée, avant le set explosif de Cut Killer. Le DJ mythique qui avait composé la musique du film "La Haine" a littéralement embrasé les festivaliers venus faire la fête dans ce lieu phare de la vie nocturne Cannoise. Grand Corps Malade a ouvert le set avec en interprétant le très fédérateur "Inch Allah" tandis que le rappeur Passi a repris des standards de son répertoire ("Je zappe et je matte", "Les flammes du mal", "Bisso Na Bisso", 'Face à la mer"...) devant une foule en délire. Les nostalgiques de la culture hip hop et rnb des années 90 ont été servis par ce DJ set 4 étoiles.

Un long métrage adapté de son autobiographie

Festival de Cannes oblige, nous avons demandé à Fabien Marsaut, le vrai nom de Grand Corps Malade, de nous dire quelques mots sur son nouveau grand projet : un long-métrage. « J’ai écrit un livre il y a deux ans qui s’appelle "Patients". Ce livre raconte mon année en centre de rééducation. L’idée est de rentrer au coeur d’un centre où les patients ne sont pas du tout autonomes, ont des pathologies très lourdes : tétraplégie, traumatisés crâniens... C’est un livre à la fois très dur et très drôle. » explique-t-il avec cette voix grave qui n'appartient qu'à lui. « Il s’est vendu à 200.000 exemplaires. Je ne me rends pas compte mais, d’après ce qu’on m’a dit, c’est un chiffre de ventes important pour un livre. » confie-t-il humblement dans une alcôve calme de la Villa Schweppes.

Un film drôle, dur et plein de vitalité

Et c’est ce qui lui a donné le courage de l’adapter. « J’avais ce projet là en tête depuis quelques temps. Là je suis en train d’écrire le scénario, on a déjà trouvé les producteurs. » avoue l'interprète de "Les voyages en train", fier de concrétiser ce projet. « Dans ce milieu là, très dur, il y a un instinct de survie. On se vanne énormément. Quand j’ai eu cet accident, j’avais 20 ans, j’étais tétraplégique. Je ne pouvais bouger ni les pieds, ni les mains, ni les jambes. J’étais entouré de mec de 20 ans. On recréait notre propre univers comme si on était en bas de chez nous. La découverte de la vraie vie d’une personne pas du tout autonome. C’est une fiction mais c’est quasi-documentaire. » commente Fabien qui promet un film drôle, plein de vitalité sur un fond « un peu dur ». Il ne jouera pas son propre rôle et aimerait que ce ne soit pas forcément des comédiens connus au casting. Pour la réalisation, c'est lui qui s'y collera en 2016 avec son compère Medhi Idir, qui a réalisé le court-métrage "Le bout du tunnel".

Regardez "Le bout du tunnel"


Et c'est dans un silence religieux que ce court-métrage a été projeté à une poignée de happy few sur la terrasse de la Villa Schweppes lundi soir. Mais de quoi s'agit-il ? « J'ai écrit une chanson sur un mec resté 25 ans en prison. C'est devenu un pote. Je l'ai rencontré en prison quand je faisais des concerts. Il m'a raconté son incroyable histoire. Sa séropositivité en prison sans traitements, évasion, cavale, rechute... J'en ai fait une chanson et Medhi en a fait un court-métage. C'est entre le clip et le film. On entend le morceau mais parfois la musique s'arrête et on développe des scènes. C'est en noir et blanc, avec une caméra subjective. En tant que spectateur, je trouve que c'est un très beau film. » explique le slameur originaire du Blanc Mesnil qui dit autant aimer les blockbusters "à la Tarantino et Di Caprio" que les films d'auteurs français et les comédies.