Georges Moustaki

Crédits photo : ABACA
Georges Moustaki est mort. La chanson française pleure aujourd'hui un immense homme. L'artiste, qui avait fêté ses 79 printemps le 3 mai dernier, s'est éteint à Nice où il résidait depuis plusieurs mois, selon Le Nouvel Observateur. En novembre 2011, l'artiste recevait dans son appartement nos confrères de RTL afin de se confier sur sa maladie. Il déclarait, comme il l'avait fait auparavant au journal La Croix, qu'il ne pouvait plus chanter à cause du tabac. Il était ainsi confronté à une maladie des bronches, qu'il tentait jusqu'à aujourd'hui de combattre. Lors de ce dernier entretien, on pouvait déjà entendre la voix fragile du chanteur après seulement quelques minutes de dialogue. Pour autant, il n'avait pas tiré un trait sur la chanson puisque le chanteur publiait, en mars dernier, le titre "Il est trop tard" enregistré avec Orlika en 2010. Comme un cadeau d'adieu.

« L'homme descend du songe » : cette phrase de Georges Moustaki restera gravée à jamais. Le chanteur compositeur et interprète, passionné de littérature française, a très vite quitté l'Égypte et Alexandrie pour rejoindre Paris. Né le 3 mai 1934, de parents d'origine grecque, il a baigné dans la culture française, bercé par les chansons de Charles Trenet et Édith Piaf. Quittant ainsi la ville des Pharaons après son bac en 1951, le jeune homme est d'abord journaliste puis barman dans un piano-bar. Cet endroit, propice aux rencontres avec les grands noms de la chanson française, est le lieu d'une véritable révélation. Il assiste ainsi à une représentation de Georges Brassens, à qui il voue, par la suite, une très grande admiration, à tel point qu'il décide de prendre son prénom, pour la scène. Néanmoins, le chanteur des "Copains d'abord" n'a pas été le seul parmi ses idoles, qui comptent également dans leurs rangs La Môme. En 1958, il partage, avec elle, une idylle courte et tumultueuse. L'occasion de faire naître des titres comme l'inoubliable "Milord".

Il écrit pour Montand et Reggiani

Georges Moustaki, de son vrai nom Joseph Mustacchi, devient dans les années 60 un artiste incontournable en France : compositeur et parolier, on lui donne l'occasion d'écrire pour des pointures de la chanson française de son époque, comme Yves Montand ou encore Serge Reggiani, qu'il rencontre en 1966 et pour qui, il écrit notamment les titres "Sarah" et "Votre fille a vingt ans". Les rencontres se poursuivent et le compositeur se lie d'amitié avec Barbara. Il forme alors un duo avec la chanteuse le temps d'un titre, intitulé "La longue dame brune".

Mais le tournant est pris en 1969, avec sa chanson "Métèque" : une ballade romantique d'un étranger rêveur. Ce titre l'impose non plus en tant que parolier, mais en interprète à part entière. Sa notoriété grandit et devient internationale, lui permettant alors de faire de nombreux voyages. L'année suivante, il se produit à Bobino, faisant ainsi sa première véritable grande salle. Le ton est donné : l'artiste tient à apporter de la chaleur, en gardant une proximité avec son public. Un pari gagnant pour Moustaki qui devient, à la suite de ce tremplin, particulièrement productif. En effet, de 1972 à 1981, il livre pas moins de neuf albums, et parcourt le monde en quête de nouvelles inspirations.

Écoutez le titre de Georges Moustaki, "Métèque" :


Nouvelle influence dans les années 80, lors sa collaboration avec Maxime Le Forestier, qui lui écrit "La chanson de Jérôme". Toujours aussi prolixe, le chanteur sort en 1996 un album pour lequel il s'entoure de jeunes artistes, comme Enzo Enzo ou Nilda Fernandez. En 2000, il se produit dans la salle mythique de l'Olympia à guichets fermés et sort deux ans plus tard une compilation de dix disques, puis l'album "Moustaki" avant de clôturer sa carrière avec "Solitaire" en 2008, qui contenait des duos avec Vincent Delerm ou Cali. Ce passionné de la chanson doit interrompre prématurément sa carrière pour des raisons de santé qui l'empêchent de chanter. Il conservait malgré tout la musique comme compagnon du quotidien.

Découvrez le clip "Il est trop tard" d'Orlika et Georges Moustaki :