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Eurovision : comment il a convaincu Amir, pourquoi Alma... Edoardo Grassi raconte

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
J-1 avant l'Eurovision ! Edoardo Grassi, le chef de la délégation française, raconte dans une interview exclusive comment il a convaincu Amir de participer l'an dernier, pourquoi il a choisi
Crédits photo : Montage Pure Charts Bestimage
Après une première partie d'interview sur son rôle et son avis sur les nombreux échecs de la France à l'Eurovision, Edoardo Grassi, le chef de la délégation française, se confie désormais dans une deuxième et dernière partie sur sa première rencontre avec Amir, les coulisses de sa sélection, pourquoi il a choisi Alma cette année, quels artistes ont été contactés dont Tal, ses favoris pour la grande finale 2017 ou encore l'avenir de l'Eurovision en France.

Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Raconte-moi comment s'est passé le choix d'Amir l'an dernier...
Très jolie histoire. Ça a été d'abord un coup de foudre sur la chanson "J'ai cherché". J'étais en recherche de l'artiste qui représenterait la France. J'ai appelé Nazim Khaled pour une commande de chanson. Finalement, il ne l'a pas fait, il n'a pas eu le temps ! (Rires) Mais il m'a fait écouter son travail et je suis tombé sur cette chanson d'Amir. Elle m'est restée dans la tête pendant deux jours. Pour moi, c'était LA chanson parfaite pour l'Eurovision. Mais c'était difficile car on sortait de six années d'échec... C'était un risque pour un artiste qui se lançait.

Amir m'a dit "Ce n'est pas pour moi"
Amir a hésité ?
On s'est rencontré avec Amir, on a eu un super rendez-vous de deux heures, mais à la fin il m'a dit : "Ecoute, ça l'air extraordinaire mais ce n'est pas pour moi". J'avais tout misé sur lui ! En France, l'Eurovision n'avait pas une super image auprès du public et il allait lancer son projet, c'est compréhensible. Mais j'y croyais, je ne l'ai pas lâché, il m'a posé pas mal de questions et finalement il a accepté. Je n'avais qu'un seul choix. Sinon, je n'avais que des plans B.

Et cette année, c'était différent ?
Cette année, j'ai fait un tapis rouge de l'Eurovision avec un des costumes qu'il avait apporté à Stockholm l'an dernier (Rires) Non, plus sérieusement, cette année, j'avais plusieurs choix mais Alma pour moi c'était le plan A. Avec Antoine Boilley (directeur adjoint de France 2, ndlr) et Nicolas Marinos (directeur adjoint des divertissements et variétés de France 2), on n'a pas hésité. Pour nous, Alma était la candidate idéale.

Tu vises quoi comme classement ?
Au moins ce que j'ai visé l'année dernière. J'avais donné une enveloppe scellée à Amir avec la place que je pensais qu'il aurait : c'était la septième. Finalement, il a eu la sixième. Alors que la concurrence était très dure. Cette année, malgré les apparences, il y en a quand même. La Bulgarie, l'Italie, le Portugal qui a une chanson extraordinaire qui mériterait de gagner, l'Islande, l'Australie of course, Malte... C'est très très compliqué. Il y a six-sept pays qui se démarquent, dont la France, et ça c'est important. L'ordre de passage influe beaucoup sur les résultats (Alma chantera lors de la deuxième partie de la finale, ndlr). Et puis, la chance...

Bien sûr qu'on veut gagner !
Tu veux gagner ?
Quelle question, bien sûr qu'on veut gagner ! On serait ravi d'organiser l'Eurovision l'année prochaine. Mais c'est très compliqué de savoir aujourd'hui. Je pense qu'il y aura une grande surprise, je ne sais pas si elle sera bonne ou mauvaise ! Plus que l'année dernière, où le top 10 était assez évident, cette année, je ne fais absolument pas de pronostic donc pas d'enveloppe pour Alma ! (Rires)

Et donc pour cet Eurovision 2017, tu as été à l'opposé d'Amir en choisissant Alma alors que tu aurais pu jouer la sécurité...
Je ne voulais pas faire une copie d'Amir. En prévision des comparaisons qui allaient être faites avec son succès, notre choix avec France 2 c'était de repartir à zéro et de donner sa chance à un autre artiste qui a un autre profil. C'est une autre chanson, un registre différent. Ça nous aide aussi à montrer à l'Europe les différentes facettes musicales en France. L'erreur aurait été de choisir quelqu'un qui aurait été un Amir bis.

Revivez la prestation d'Amir l'an dernier :



Quand tu as entendu "Requiem" la première fois...
J'ai craqué direct. J'ai trouvé ça hyper moderne tout en gardant un côté très passionnel. L'esprit tango c'est quand même hyper original. Je sentais dans la production quelque chose de très fort. Et puis, ça a été confirmé avec le remix spécialement fait pour l'Eurovision. Le côté "Embrasse-moi" est extrêmement français, et le contraste entre le nom de la chanson et son véritable sens est très intelligent. Ça ne parle pas de la mort mais au contraire de l'amour et de la vie. C'est dansant mais le texte est profond et très beau. Désormais, en Europe, les gens l'adorent. Alma incarne le charme et la beauté de la France aux yeux des étrangers.

Ta rencontre avec Alma a été déterminante dans ton choix ?
Je la connaissais depuis quelques années. Mais il n'y a pas de favoritisme. Les chansons proposées à côté n'étaient pas à la hauteur selon nous.

Tal, Slimane et Claudio Capéo ont été contactés
Qui t'a proposé sa candidature ?
Ses managers. En fait, j'avais déjà choisi un autre artiste. En interne, on était déjà parti très loin dans cette direction... Mais elles m'ont fait écouter "Requiem". Ce rendez-vous a fait changer tous nos plans. C'est dingue ! C'était exactement ce qu'il nous fallait.

Qui était en lice alors, hormis Alma ?
On a reçu énormément de chansons par le biais du public mais ce sont souvent des chansons qui manquent de créativité, d'originalité. Il y a beaucoup de chansons patriotiques et ce n'est pas du tout le but. On peut défendre la France en présentant autre chose. Cette année, j'avais 6 choix au final. On est très vite passé à trois, trois filles d'ailleurs.

On a parlé d'Eugénie, Damien Lauretta... Ce n'étaient que des rumeurs ?
Damien Lauretta, j'avais demandé l'année dernière mais son équipe au label m'a dit que ce n'était pas un candidat pour l'Eurovision. Je pensais qu'il dirait oui mais non. Je trouve que ce serait un très bon candidat, on aurait pu travailler quelque chose ensemble. Eugénie ce n'est pas vrai du tout mais je la suis depuis ses débuts et j'aime beaucoup ce qu'elle fait. C'est une bonne candidate pour une prochaine Eurovision. Si elle veut le faire, elle m'appelle !

Regardez la prestation d'Alma lors de la 2ème demi-finale :



Et Tal, Slimane ?
Tout est vrai ! Slimane, je l'avais contacté mais il n'était pas prêt, en sortie de "The Voice". Il ne voulait pas, à juste titre peut-être, coller le même schéma qu'Amir : le garçon qui sort d'un télé-crochet et qui fait l'Eurovision. Tal, on en a parlé longuement mais c'était compliqué car elle partait en tournée à ces dates-là dans toute la France. C'est peut-être trop tôt. Je ne me suis pas senti en mesure de pouvoir prendre la responsabilité d'envoyer un artiste confirmé. Mais je la connais depuis même avant la sortie de son premier single. C'est une artiste multi facettes, d'un talent unique. Je l'adore.

Je pense déjà à l'Eurovision 2018
Il y a quelqu'un que tu rêverais d'avoir ?
Tal, j'aimerais beaucoup. Après, il faut aussi la chanson, c'est quand même la base de tout pour l'Eurovision. Mais il y a quelques artistes qui seraient très bien en France. Claudio Capéo, ce serait génial. J'avais demandé à son producteur cette année s'ils étaient intéressés. Pareil, je pense que c'était trop tôt tout de suite après "The Voice". Il aurait la prestance, ce côté français, pour porter ce projet. Une chanson de gagnant doit posséder un bon ADN du pays duquel il vient. Comme l'Italie, cette année.

Tu penses déjà à l'année prochaine ?
Bien sûr que oui ! Jour et nuit. Je pense toujours à l'année d'après. Il y a plein d'idées qui se profilent. Avec Antoine Boilley et Nicolas Marinos, on est une équipe très soudée, on est très complémentaires et évidement l'après fait partie de nos préoccupations aujourd'hui. On va voir si la méthode de sélection va changer ou pas, mais pour l'instant rien n'est décidé. En tout cas, je re-postule pour être chef de la délégation l'année prochaine. J'espère qu'Antoine acceptera ma candidature! (Rires)

Ce serait une bonne idée de laisser le public voter pour décider de la chanson comme le font certains pays ?
Le public est intelligent. Regarde, dans "The Voice", les choix des finalistes et des gagnants sont toujours très qualitatifs. Mais c'est surtout la sélection des artistes qui participent qui compte. Il faut se demander surtout : est-ce qu'on serait capable d'avoir dix titres de qualité qui pourraient gagner l'Eurovision ? Sous peine d'avoir un titre pas bon qui passe… On a déjà vécu cela je crois… (Rires) Cette année, on n'aurait pas pu par exemple. C'est ma seule crainte. Je crois qu'une success story se crée sur trois ans, au moins. Il faudrait peut-être laisser un peu de temps et décider par la suite… Mais déjà concentrons-nous sur notre victoire en 2017 !

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