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"Destination Eurovision" : Christophe Willem, Vitaa et André Manoukian se confient

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Lors de la conférence de presse de "Destination Eurovision", la rédaction de Pure Charts et d'autres journalistes ont pu s'entretenir avec les experts musicaux de "Destination Eurovision", composé de Christophe Willem, Vitaa et André Manoukian. Rencontre avec le jury !
Crédits photo : Benjamin Decoin
Alors Christophe Willem, dans quel état d'esprit êtes-vous pour cette 2ème édition de "Destination Eurovision" ?
Christophe Willem : Je suis très content que ce soit en direct, je préfère, comme ça il n'y a pas de séquence coupée, on peut assumer totalement nos réactions. L'année dernière je n'avais pas écouté les titres, j'aime bien le côté spontané de découvrir en même temps que le public, ça donne quelque chose de plus brut. On va essayer tant bien que mal de conseiller ou en tout cas d'exprimer nos ressentis par rapport aux musiques proposées pour essayer de coller à ce que les gens peuvent ressentir chez eux et qu'ils puissent voter intelligemment. Si tant est qu'on puisse parler d'intelligence quand on parle de musique et d'émotion. Je trouve la mécanique très excitante cette année.

Je ne pense pas qu'on influencera le public
Comment envisagez-vous tous votre rôle de juré ?
Vitaa : Je suis assez franche dans la vie, je suis assez sincère dans la musique et je suis une hyper sensible donc si je suis touchée par une chanson, je vais peut-être m'adresser directement aux gens pour ne pas qu'ils passent à côté. On a quand même une influence mais après on ne les juge pas. Personnellement, ça m'arrange parce qu'on est dans un monde où les gens ont toujours du mal à entendre la critique. Quand on donne une note qui n'est pas forcément bonne, il faut assumer, car forcément il y a des choses qu'on aime et d'autres qu'on aime moins. Je trouve ça intéressant de pouvoir les enjoindre à écouter certaines choses plutôt que de dire j'aime ou j'aime pas.

André Manoukian : On va faire comme un débrief, on parlera de notre ressenti. Le public va s'y retrouver. Je ne pense pas qu'on les influencera car si un mec n'a pas aimé, il ne changera pas d'avis.

Vitaa : Quand je disais "influencer", c'est plus dans le sens où si on a tous tous un coup de coeur général, ça peut aussi créer un engouement. Faire prendre conscience qu'il se passe quelque chose.

André Manoukian : Oui... Mais une fois, on m'a dit : "Vous mettez des mots sur nos émotions". Les gens ne savent pas dire, ils savent dire "J'aime ou j'aime pas". Si on fait bien notre travail, et on va bien le faire, ils vont dire : "Ah oui je suis d'accord avec Christophe et Vitaa" ou "Dédé, il dit n'importe quoi, comme d'hab". (Rires) Ça va mettre de la clarté dans ce qu'ils éprouvent.

Je ne veux rien écouter avant la première émission
Donc est-ce que comme Christophe, vous n'allez rien écouter avant ?
André Manoukian : Je veux toujours voir la robe de la mariée avant de l'épouser ! J'ai écouté les extraits tout à l'heure.

Vitaa : Nous, on ne veut pas écouter. Je vais faire comme Christophe. J'aime la spontanéité, je ne suis pas douée pour refaire les trucs deux fois. Le sentiment que tu as parfois quand tu découvres une chanson, c'est une sensation unique.

Christophe Willem : J'entends des petits trucs : il y a un titre en corse... Mais je ne veux rien écouter avant la première émission.

Et il est vrai qu'une chanson en studio ou en live, ce n'est pas la même chose...
Vitaa : Justement, la presta live c'est différent mais c'est ça qui est intéressant.

Christophe Willem : Oui et à l'Eurovision, c'est du live. J'aime cette espèce de mise en danger de la personne qui va performer. Pour Emmy Liyana, on m'avait dit : "Il y a un titre qui est fait par l'équipe de Zazie". Comme je connais l'équipe, on a pu se dire qu'il y aurait de la complaisance et quand elle a interprété "OK ou KO" pour la première fois, je trouvais la chanson intéressante mais elle, je ne la trouvais pas solide donc j'ai été un peu dur dans mon débrief. Mais quand elle est revenue en finale, c'est la prestation qui avait le plus progressé, donc l'instantané peut donner des réactions qui aident réellement la personne qui performe.

Il y a un nouveau plateau cette année pour "Destination Eurovision". La mise en scène, c'est évidemment très important.
Christophe Willem : Oui. André l'avait bien dit d'ailleurs après l'Eurovision l'an dernier. Sur Madame Monsieur, beaucoup de gens ont adhéré au titre mais il y avait une certaine froideur dans la prestation finale à l'Eurovision. La mise en scène est donc intéressante. D'autant plus qu'entre une émission de télé et une arena, le contraste est énorme. Honnêtement, c'est un paramètre que je n'avais pas pris en compte l'année dernière.

Le refrain en anglais, ça me dérange
André Manoukian : La mise en scène, si le chanteur chante en français, elle va aider à faire passer le message. Elle est capitale. Quand vous voyez certains pays qui font des trucs de dingue. La Russie qui avait foutu sa candidate en haut d'une montagne, avec des mecs qui tournaient autour à cheval... Et l'Allemand, il y avait des projections vachement bien qui expliquaient le texte... Madame Monsieur, on a regretté qu'il n'y ait pas un dispositif plus travaillé.

Christophe Willem : Après, il faut comprendre que c'est à la délégation de chaque pays de prendre en charge financièrement la prestation. Il y a des choix qui sont faits. L'an dernier, c'était la sobriété et l'association avec Jean Paul Gaultier. C'était intéressant mais le rendu final était un peu froid quand on ne comprend pas le titre, qui est sur l'humain.

André Manoukian, vous qui êtes un défenseur de la langue française, l'anglais dans les chansons pour l'Eurovision, ça vous déplaît ?
André Manoukian : Le franglais ne me dérange pas, quand le refrain est en anglais. On a compris... Ce qui me dérange, ce sont les candidats qui font "Oh yeah" et qui parodient.

Vitaa : Moi ça me dérange le refrain en anglais. J'ai du mal avec le franglais. J'ai toujours eu un problème avec ça. Après dans le cadre de l'Eurovision, je trouve que ça peut avoir du sens. Chaque candidat a ses influences, des origines diverses, et ça peut être intéressant de raconter une histoire. L'an dernier, j'avais co-écrit la chanson de Louka, et comme il est franco-italien, il avait un couplet en italien dans sa chanson. Mais dans l'absolu, j'ai du mal avec le franglais.
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