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Eddy Mitchell : les bonnes feuilles de son autobiographie

Par Steven BELLERY | Rédacteur
Six mois après avoir raccroché le micro et quelques jours avant la sortie de son nouveau film réalisé par Etienne Chatiliez, Eddy Mitchell alias Schmoll se livre comme jamais. Il a accordé un long entretien au journaliste Didier Varrod. Une interview fleuve qui sort aujourd'hui sous la forme d'une autobiographie. Pure Charts vous propose de découvrir en exclusivité les bonnes feuilles de cet ouvrage.
Crédits photo : Couverture
« Au technicolor, à la musique sans qui la vie serait une erreur. » C'est avec ces mots qu'Eddy Mitchell ouvre son autobiographie "Il faut rentrer maintenant...". Un livre d'entretiens avec le journaliste Didier Varrod (Serge Magazine, France Inter) qui sort aujourd'hui en librairie aux Éditions "La Martinière". Après 50 ans de carrière ponctuée d'albums et de tours de chants, de films et belles rencontres Eddy Mitchell, 69 ans, se livre comme jamais. Il évoque son enfance, sa passion pour le cinéma comme spectateur puis acteur et sa longue carrière de chanteur sous la forme d'une longue interview. Pure Charts vous propose de découvrir les bonnes feuilles de ce livre confession en exclusivité. Sa barbe, le nom de son premier groupe "Les Chaussettes Noires", sa première audition pour Barclay, la fin de la scène pour lui, son nom de scène, la politique, sa rencontre avec Johnny, sa passion pour le cinéma…


La barbe


Pourquoi Eddy Mitchell porte-t-il la barbe ? Au début de l'entretien, Didier Varrod interroge le chanteur sur sa bonne forme. Schmoll répond que s'il parait encore jeune c'est grâce à sa barbe. « Tout ça c’est à cause de la barbe aussi. C’était une idée du metteur en scène de la pièce de théâtre dans laquelle j’ai joué "Le Temps des cerises". Stéphane Hillel m’a imaginé avec la barbe pour incarner ce peintre atrabilaire. Depuis je l’ai gardée. Et comme ma femme m’a trouvé encore plus beau… Elle m’a dit que ça me donnait un petit côté Hemingway. »


Arrêter la scène


Eddy Mitchel ne regrette pas une seconde d'avoir décidé d'arrêter les tournées. C'est au mois de septembre dernier qu'il a donné son ultime concert, à l'Olympia, à Paris. « C’était vraiment la bonne décision. En tous les cas, pour ce qui me concerne. J’avais déjà ressenti lors de la dernière tournée qu’il fallait avoir le courage de voir les choses en face. J’étais fatigué physiquement mais surtout j’étais éreinté par la responsabilité que de telles tournées impliquent. Être chanteur ce n’est pas une drogue. Ni une addiction. C’est un plaisir. Un immense plaisir. Il fallait que cela reste ainsi. Et honnêtement je pouvais sentir poindre un début de lassitude. Et quand ça commence, aïe, alerte rouge ! Et là j’étais limite… Il eût été insupportable de vivre avec ça. Et ma femme était ravie. Cela fait tellement d’années que j’étais sur la route. C’est sûr c’est épuisant. Alors, même si je ne me suis jamais plaint, elle voyait bien… Elle connaît tout de moi, elle devinait la fatigue, l’usure. Avec le temps qui passe, elle avait envie que je profite aussi de la vie avec elle. Et puis j’avais la hantise du concert de trop. Vous savez, le concert de tous ces vieux chanteurs qui ont perdu leur voix. Quand j’ai emmené ma femme voir Franck Sinatra c’était trop tard. Elle m’a dit : « C’est ça ton idole ? » Sinatra à la fin était pathétique. Il devait reformer non pas le Rat Pack mais presque, puisqu’il devait y avoir Dean Martin ! »

Mais il admet qu'il a ressenti une énorme émotion au soir du 5 septembre… « Oui c’était émouvant. Surtout cette incroyable ferveur du public. Son émotion de me voir arrêter. C’était beau. Fort. Sincère. Je l’ai vécu de façon très émouvante, c’est évident, surtout la toute fin du spectacle, mais il y avait aussi malgré tout une grande fatigue. Celle- ci aidant, vous êtes bouleversé, mais vous êtes aussi quand même crevé. Après, quelques jours plus tard, vous réalisez enfin : Putain, c’était quand même très chaud. […] Le 6 septembre 2011 j’ai dormi. Le 7 aussi. Le 8, je me suis réveillé. Et je me suis remis au cinéma. Je pouvais enfin penser à autre chose… »


"C'était mieux avant"


Eddy n'aime pas la nostalgie. Il refuse de dire "c'était mieux avant", avec son franc-parler. « Parce que c’est faux ! Les gens qui vous disent, « Ah les années 60, quelles années merveilleuses ! », ont oublié qu’il y avait De Gaulle qui faisait chier tout le monde, qu’il y avait la guerre d’Algérie, qu’au niveau de la liberté d’expression ce n’était pas ça non plus et qu’il y avait aussi des trucs dramatiques dans la société… Or on ne se souvient que des filles avec des queues de cheval et des robes à pois ou Vichy, et des garçons avec des choucroutes sur la tête et des chaussures pointues… Tout le monde twistant comme si la société entière était une gigantesque surprise party, mais ce n’est pas que ça ! Les années 60 ce n’est pas uniquement Salut les copains. Moi j’aime bien le jour d’aujourd’hui et j’espère que demain sera meilleur. »


Son enfance, sa famille


Eddy a grandi à Belleville, un quartier parisien où il ne va plus parce qu'il n'y reconnait plus rien. Son père travaillait la nuit les ateliers de réparation de la RATP. Sa mère, elle, travaillait à la banque et a en quelque sorte était la première à lui faire découvrir la musique. « Je n’aime pas le terme « bonne vivante » parce qu’il n’est pas joli, mais il y avait de cela. Elle était une personne gaie, dans le bon sens du terme. Elle aimait des chansons qui m’ennuyaient profondément : elle adorait toutes les opérettes, tous les chanteurs un peu lyriques, Luis Mariano en tête, Georges Guétary, et aussi André Dassary... Donc j’ai eu une enfance amusante mais douloureuse musicalement, car elle m’emmenait voir tous ces spectacles. Ensuite elle y est allée toute seule… »


L'école


« Oh c’était sympa ! Parce que je n’avais pas besoin d’y aller ! Je veux dire qu’il suffisait d’être gentil, discret, et d’éviter de se faire remarquer… Je m’ennuyais, sauf en cours d’histoire, j’avais un prof formidable qui s’appelait Monsieur Meignand. Formidable parce qu’il laissait libre cours aux idées des élèves." Vous avez pensé très vite à quitter l’école ? "Oui oui… Mais ils y ont pensé aussi ! On va dire que c’était d’un commun accord, et ça s’est très bien passé. Vous avez enchaîné avec les petits boulots ? Pour quitter l’école et pouvoir être libre en quelque sorte, il fallait obtenir son certificat d’études. Je l’ai obtenu avec un an d’avance, précoce… Et j’ai commencé à travailler alors que j’avais à peine quatorze ans. Garçon de café, ce type de petit boulot. »


La vocation de chanteur


« « Rock around the clock » reste un phénomène énorme, 80 millions de disques vendus quand même. Et puis il y a eu la scène qui a déclenché la mutation. Bill Haley commençait son show rideau fermé, et il se passait au moins une minute et demie avant que ce dernier ne s’ouvre. C’est long, très long… Le temps de bien faire monter la pression, surtout qu’ils bastonnaient dès le premier morceau… Et quand le rideau s’ouvrait, ils arrivaient tous en courant, c’était un déchaînement incroyable ! C’était vraiment une nouvelle façon de faire de la scène. Un style qui a fait école. La vocation est née là… Oui. Je travaillais alors dans les assurances et j’avais un copain batteur qui avait un pote bassiste, qui lui connaissait un guitariste… Ce n’est pas plus compliqué que cela. On a monté un premier groupe « Les 5 rock ». Nous n’avions à vrai dire pas beaucoup d’inspiration pour trouver un nom. Nous nous amusions, sans aucune ambition. Nous nous retrouvions ainsi dans un studio aménagé dans une petite salle paroissiale, chez un kiné aveugle (sic) qui maniait avec dextérité son magnétophone une piste, même s’il semblait consterné par la musique qu’il entendait, étant plus habitué aux orchestres de chambres ! Et puis j’ai fini par convaincre tout le groupe que nous devions décrocher un rendez-vous dans une maison de disques. C’est l’annuaire qui a été mon meilleur agent. À la lettre A, point de numéro de téléphone de labels. Lettre B, bingo Barclay. On nous a tout de suite confirmé qu’ils organisaient des auditions le mardi soir à 20 heures au studio Hoche, précisément avenue Hoche. Évidemment nous sommes arrivés à la bourre, sans doute pas très conscients de l’enjeu. Dans l’escalier qui menait au studio, un géant me barrait la route. Une sorte de colosse avec un plateau à la main sur lequel était posée une bouteille de scotch avec deux verres et des glaçons. À ses pieds, un drôle de type pas clair, sérieusement entamé, essayait de le suivre. Il s’est retourné vers moi et m’a crédité d’un sourire à pleine dent tout en me baragouinant quelques mots. Je l’ai immédiatement reconnu. C’était Louis Amstrong. Intérieurement je me suis dit : « C’est bon ça ! Mais si c’est ça ce métier, il va commencer à m’intéresser… » (Rires.) Je poursuis la montée de l’escalier. Et là, une porte s’ouvre… Duke Ellington en personne ! Je me pince… Ça commence à faire mal. D’autant qu’une autre porte s’ouvre alors et surgit Quincy Jones, qui m’indique la bonne direction pour entrer dans le studio des auditions. C’était franchement incroyable. Cet escalier, il valait toutes les marches du Palais du Festival de Cannes… En réalité ces légendes de la musique étaient là pour assister à l’enregistrement de la musique du film dans lequel ils avaient tourné. Il s’agissait de Paris Blues réalisé par Martin Ritt. Nous avons donc enregistré la première maquette sous ce haut patronage... Il y avait une adaptation de « Running Bear » (« L’ours gris »), « Tant pis pour toi », « Baby Blue » et « Be Bop a Lula ». Quatre titres. Passer une audition chez Barclay, où l’on croise dans les escaliers Louis Armstrong, Duke Ellington, Quincy Jones, pouvait avoir l’allure d’un mirage en plein désert. Et pourtant, le mec de la maison de disques, Jean Fernandez, qui était là pour nous écouter est resté scotché. Il nous a dit : « Vous enregistrez demain ! » En décembre 1960 nous avons donc enregistré au studio Hoche notre premier 45 tours 4 titres ; y figurait « Tu parles trop », adaptation de « You talk too much » de Joe Jones. C’était une idée de Jean Fernandez qui est immédiatement devenu notre directeur artistique. »


Les Chaussette Noires


« On nous avait prévenus que notre disque passerait sur Europe 1 dans l’après- midi. Nous avons eu à la fois l’émotion d’écouter notre disque à la radio pour la première fois, et la stupéfaction de découvrir qu’Eddie Barclay avait passé sans nous consulter un accord avec Jean Prouvost, le très riche propriétaire de la lainière de Roubaix qui fabriquait les chaussettes Stemm. Ce dernier lançait alors sa nouvelle gamme de chaussettes noires à bordure rouge… Il fallait oser, Barclay l’a fait ! Le marketing venait de naître et les affaires du spectacle avec. Nous étions assez fumasses mais devant la promesse que l’on nous a faite d’obtenir en échange de ce contrat un matériel flambant neuf, nous avons fini par accepter cette appellation non contrôlée si j’ose dire… »


Crooner ?


« Crooner c’est une étiquette. Mais je ne suis pas un vrai crooner. Pour moi le seul vrai crooner est Dean Martin. Lorsque l’on écoute Dean Martin c’est comme lorsque l’on regarde Fred Astaire danser, ça paraît facile. Alors que c’est très compliqué. Dean Martin était un des rares qui ne donnait jamais la pleine voix mais qui tenait les notes. La pleine voix est plus facile pour tenir la note. Si vous susurrez, pour tenir les notes il faut avoir le souffle. Quand Dean chantait c’était naturel. Et quand vous essayez de chanter comme lui, vous vous essoufflez. Vous ne comprenez pas pourquoi avec lui ça sort tout seul. C’est dire qu’il faut non pas lâcher les chiens mais les retenir ! Les retenir sans donner ni élever la voix… Sinatra est un crooner mais, pardonnez- moi, très souvent il donne de la voix. Dean Martin jamais. Ou tout au moins on n’a pas du tout l’impression qu’il la donne. Et c’est ça pour moi le vrai crooner. Il y a lui et Nat King Cole. »


Mon premier film


« Je m’en souviens très bien. C’était au cinéma « Le Paradis », qui évidemment n’existe plus aujourd’hui. Il était situé juste avant le Théâtre de Belleville, qui n’existe plus lui non plus. Mon père m’avait emmené voir Le Fantôme du cirque, je me demande bien pourquoi d’ailleurs. J’avais alors 6 ou 7 ans et j’avais eu une frousse terrible. Mise à part la peur j’ai encore le souvenir des effluves aussi. Un souvenir précis d’odeur de détergents. Pour nettoyer les salles, ils forçaient sur les doses… »


Son pseudo


Eddy Mitchell raconte ensuite que pendant une période de sa jeunesse, il allait deux fois par jour au cinéma avec son père, puis avec son grand frère. Son acteur fétiche ? « Au bout du compte, Robert Mitchum ! Mon nom d’artiste « Mitchell » vient quand même de là ! C’est un comédien rare, exceptionnel. Avec une façon de jouer unique. Avec un air de je-m’en-foutisme qui m’a toujours réjoui… Alors que c’était un professionnel de premier ordre, il donnait l’impression que jouer était un truc superbement facile. »


Sa carrière d'acteur


Une nouvelle carrière débute pour lui au début des années 60. En 61, il tourne son premier film. Pour la crédibilité, il doit patienter. « Avec "Coup de Torchon" de Bertrand Tavernier bien sûr, ensuite avec Georges Lautner pour "Une femme peut en cacher une autre". Ces deux films ont été importants, ils m’ont donné confiance et m’ont imposé comme un acteur crédible et peut- être pas simplement de passage. Le personnage de Nono dans Coup de torchon a été un cadeau. Avec ce film j’ai aussi pris un immense plaisir à regarder la mise en scène, le processus de fabrication de la déco et le travail avec des acteurs. J’avais autour de moi une brochette de comédiens impressionnante, dont Philippe Noiret qui n’était pas des moindres. Et tous ces grands noms m’ont regardé et accepté avec une belle gentillesse et beaucoup de tendresse. Mais franchement je n’avais pas l’obsession du chanteur qui veut réussir à l’écran. Je n’avais aucun fantasme de la double carrière. Le modèle Montand : chanteur, acteur, music- hall. On ne mélange pas les militaires et les héros que je sache… (Rires.) J’ai eu aussi beaucoup de chance dans le choix des films que j’ai pu faire. Parfois on s’entiche d’un film et on se trompe. Ce n’est pas comme dans la chanson, là on s’aperçoit tout de suite que l’on a pris la mauvaise décision. On peut même rectifier le tir. »


Plutôt acteur comique


« Je crois définitivement que mon registre est le comique… Malgré mon apparence de personnage plutôt ombrageux voire taciturne. Mais c’est aux metteurs en scène qui pensent à moi qu’il faudrait poser cette question. A priori je ne me sens pas tellement à l’aise avec l’idée de jouer dans un film dramatique. J’aurais peur de ne pas pouvoir y croire moi- même. Ou alors il faudrait que ce soit une histoire extraordinaire qui m’embarque tout à coup. Mais "Le Dialogue des Carmélites", très peu pour moi. Il m’arrive souvent de recevoir des rôles qui me paraissent improbables à jouer. Comme lorsque l’on m’a proposé de jouer un travelo… Venir me chercher pour ça, il faut en avoir de l’imagination ! Mais remarquez bien que je n’ai rien contre cette catégorie professionnelle. »


La politique


« Je suis un anti-gaulliste total et convaincu. Bien sûr, le général de Gaulle était un homme politique honnête qui n’aimait pas mettre les doigts dans la confiture. Donc cela nous paraît incroyable aujourd’hui. Mais c’était un dictateur. Et de surcroît un militaire. Et il ne faut jamais confier le pouvoir à un général. J’ai toujours entendu cette phrase de Georges Clemenceau qui m’a immédiatement séduit : « La guerre est une chose trop grave pour la confier à un militaire. » Et c’est ce que l’on a quand même fait. Alors, bien sûr, on peut se souvenir de son talent oratoire pour nous convaincre qu’il était un grand démocrate. Il pouvait enfumer tout le monde en disant solennellement : « Pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans je commence une carrière de dictateur ? » Mais il n’empêche qu’il a pris le pouvoir par effraction et a limité la liberté d’expression. »


De droite ou de gauche ?


« Je ne sais pas. Mais il est quand même vrai que mon cœur serait plutôt à gauche. Mais quelle gauche ? Aujourd’hui j’en suis revenu. Non pas de tout, mais je suis tout de même désabusé en ce qui concerne la politique. Ce n’est pas « l’ami molette »… Hum pardon François Hollande qui me fait rêver par exemple. Vraiment pas… Mais je vous rassure tout de suite ce n’est pas non plus le nain… Moi de toute manière je m’oblige à voter parce qu’il y a toujours le spectre du Front National. Et excusez- moi de le dire, ce parti-là me fait toujours peur. Mais ce n’est pas facile de choisir dans le non choix. Alors, il faut le reconnaître, j’agis comme au petit bonheur la chance parce qu’au bout du compte tous ces candidats se ressemblent. Tant que l’extrême droite sera puissante, je voterai. Quoi qu’il en soit je ne suis pas un exemple de citoyenneté. J’ai commencé à voter il y a très peu de temps. Je me faisais même un devoir de ne pas voter. Mon sens civique passe par le respect scrupuleux du paiement de mes impôts. Puisque je suis français domicilié en France, je paye toutes mes taxes et je trouve que c’est la meilleure contribution à la solidarité nationale. »


J'ai voté Sarko en 2007


« Je n’allais pas voter pour l’autre qu’on devrait mettre directement au bûcher… (Rires.) Ce n’est pas possible ! Comme les gens ont voté Chirac contre Le Pen, ils ont voté Sarkozy pour éviter le Front National et Miss Poitou. Sarkozy fait bêtise sur bêtise, il se rattrape aux branches, se débat, mais il n’y arrive pas. Et sincèrement je ne crois pas que Ségolène Royal aurait pu faire mieux. Elle voulait faire raccompagner les gendarmettes chez elles ! (Rires.) On n’en finissait plus ! Quoi qu’il en soit, les femmes politiques me dérangent. Je ne sais pas. C’est une contradiction que je ne maitrise pas puisque je suis pour l’égalité des sexes. Mais comment bien me faire comprendre ?… Je parle de nature. De capacité de résistance. C’est un boulot qui est trop dur, rude, où il faut savoir cogner, être bas du front. J’ai le sentiment que c’est d’ailleurs un peu la même difficulté que pour les chanteuses. Mais pour revenir à la pauvre Ségolène qui l’a bien cherché, je pense qu’elle n’est pas seule en cause. Les socialistes n’ont toujours pas trouvé leur programme. Cela fait des années qu’ils cherchent. Je n’ai jamais été passionné, mais aujourd’hui je suis complètement désabusé. J’espère simplement que nos impôts serviront pour une fois à quelque chose. Vous aurez remarqué qu’avec l’ISF, il n’y a plus un seul pauvre dans la rue… (Rires.) C’est extraordinaire ! Et pendant ce temps- là Marine Le Pen fait 20 %. Elle a au moins le mérite de nous contraindre à voter. C’est un tribun redoutable, méfiance ! »


Sa rencontre avec Johnny Hallyday


« Nous étions tous les deux invités à une surprise-partie qui avait lieu près de la place de la Trinité qui comme vous le savez était un haut lieu du rock‘n’roll puisque c’était le point de ralliement et de rendez vous de tous les copains qui allaient ensuite au Golf Drouot. Ce jour là, chacun avait apporté des disques. C’était d’ailleurs la tradition. Moi j’avais amené mes disques de Gene Vincent qui étaient rares à l’époque. A la fin de la surprise- partie chacun avait récupéré ses disques, sauf moi. Bizarrement les miens avaient disparus. J’étais évidemment très énervé. Je les cherchais partout. En vain. Dépité, je descends les escaliers de l’immeuble, toujours à la recherche de mes disques, espérant peut- être rattraper le voleur, et soudain j’ai aperçu Johnny en train de discuter avec la concierge. Il lui disait : « Je repasserai les prendre demain. » Et oui… Mes disques de Gene Vincent, il se les était précieusement mis de côté ! Donc l’entame de la conversation a été un peu violente mais allez savoir pourquoi, nous avons très vite sympathisé. »

"Il faut renter maintenant..." Eddy Mitchell et Didier Varrod - La Martinière - 304 pages, 18 euros.

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