Dua Lipa

Crédits photo : Hugo Comte
« Je veux conquérir le monde ! » lâchait Dua Lipa avec assurance lors d'une interview de Pure Charts à ses débuts. Trois ans plus tard, la chanteuse britannique est devenue une popstar influente dans le monde entier, grâce notamment à son tube "New Rules". Elle vient de publier son deuxième projet "Future Nostalgia", et c'est peu dire que Dua Lipa y prend le pouvoir. Très bien entourée, elle co-écrit tous les titres du disque avec Emily Warren, Julia Michaels, Frances ou Justin Tranter, et donne carte blanche aux faiseurs de tubes Jeff Bhasker, Ian Kirkpatrick, Stuart Price ou The Monsters and the Strangerz. Et le résultat est éclatant !

Dua Lipa prend les commandes

En véritable « female alpha », comme elle le clame sur le titre d'intro qui donne nom à l'album, Dua Lipa est aux commandes, et ça s'entend. C'est elle qui lance d'emblée « I wanna change the game » puis plus tard « Let's get physical ! », car oui elle parle sans détour de sexualité, assume ses ardeurs et lâche même le verbe « fuck » avant de rire sur "Good in Bed", avant de dénoncer la société machiste en frontal sur le final "Boys Will Be Boys". Sans doute le texte le plus fort de l'album, ici l'artiste raconte sans fard les douleurs d'évoluer en tant que femme dans un monde dominé par les hommes, où tout leur est permis. « Boys will be boys but girls will be women » scande Dua Lipa à la fois désabusée et prête à dynamiter les codes. Un hymne fort qui sera à coup sûr un moment d'une intensité rare sur scène lors de ses prochains concerts.

Une machine à tubes

Beaucoup plus homogène, inventif et soigné que son premier album à succès, "Future Nostalgia", comme son nom l'indique, est une véritable célébration des années 80 à 2000. Riche d'idées, d'atmosphères et de mélodies, il est incontestable que l'album de Dua Lipa est une réussite. Mais à trop s'inspirer, le projet peut parfois manquer de personnalité. Bourré de samples et références évidentes, notamment à Prince ("Future Nostalgia") ou Daft Punk, on repère un clin d'oeil assumé à Olivia Newton John ("Physical") ou à Samantha Fox, puis reconnaît le fameux "Need You Tonight" de INXS repris pour "Break My Heart" ou encore "My Woman" de Lew Stone & the Monseigneur Band, popularisé par White Town, sur "Love Again". Un titre certes efficace mais qui ne tient en grande partie que par l'utilisation du sample en question. L'introduction de "Hallucinate", elle, est carrément la même que celle de "La grenade" de Clara Luciani !

Regardez le clip de "Break My Heart" par Dua Lipa :



Court de 11 pistes, "Future Nostalgia" reste une véritable machine à tubes sur laquelle Dua Lipa panse ses blessures et se relève. Entre disco, pop, funk et dance, l'album ne laisse aucun répit à ses auditeurs tant les mélodies ravageuses s'enchaînent à une allure folle. Déjà, le premier extrait "Don't Start Now", véritable perfection pop dans sa construction et doté d'un final époustouflant, en donnait la couleur. Avant que l'haletant et tubesque "Physical" vienne à nouveau exploser les attentes, nous incitant à perdre le contrôle sur le dancefloor. Le reste des pistes confirme cette tendance, grâce notamment à des refrains redoutables. Ce qui n'était plus courant sur les albums pop depuis plusieurs années !

Là où "Pretty Please" assure le service minimum, et aurait mérité un deuxième refrain pour relancer l'intérêt, tout comme "Hallucinate", très 90's (peut-être trop), l'implacable et percutant "Cool", co-écrit avec Tove Lo, nous met le diable au corps, soulignant l'admiration de la chanteuse pour Prince, suivi par le contagieux et festif "Levitating", dont le pont nous plonge instantanément sous une boule à facettes en pleine soirée. L'effet est garanti ! Le dernier single en date "Break My Heart" reste d'ailleurs le climax de l'album de "Future Nostalgia". Ici, Dua Lipa se sert du sample d'INXS mais parvient à le réinventer totalement pour se le réapproprier. Un exercice périlleux mais relevé haut la main !