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Christophe Maé en interview : "C'est vital qu'on reprenne les concerts"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Avant la réédition "Ma vie d'artiste", Christophe Maé s'engage avec le single "L'ours", en duo avec Youssou N'Dour et dont le clip est réalisé par Yann Arthus-Bertrand. Dans les jardins de la fondation GoodPlanet, le chanteur s'est confié à Pure Charts sur la reprise des concerts, sa fibre écolo, sa réédition, ses projets ou encore Jenifer. Interview !
Crédits photo : Yann Orhan
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Comment est la vie d'artiste en ce moment ?
La vie d'artiste en ce moment elle est un peu en stand-by. On est dans les starting-blocs, on attend de pouvoir reprendre la route. C'est vital. C'est arrivé le 8 mars le confinement, nous on était au Zénith de Nantes avec 5.000 personnes, on sentait qu'on allait être interrompus. On a décalé en septembre puis on s'était dit octobre, mais là naviguer à vue comme ça, plus on avance plus on recule les dates. Je suis dans la lumière mais sur une tournée comme ça, il y a 50-60 personnes qui bossent. Les chauffeurs de bus, le catering, les techniciens... Il y a énormément du monde. Et pour la plupart, ils sont intermittents du spectacle, là ils sont chez eux et ils n'attendent que ça de travailler, de reprendre la route. Ils n'arrivent pas à assumer leurs fins de mois... C'est très compliqué, on attend, on n'en sait pas plus. C'est vital qu'on reprenne en respectant les gestes barrières, dans des salles assises avec des gens masqués.

Tout le monde se sent un peu dépassé, même le gouvernement
Tu semblais plutôt réticent récemment...
Il y a quelques mois, je disais que ça me dérangeait un peu de jouer dans une salle masquée, je préfère attendre un petit peu et que les gens retrouvent l'envie de sortir, qu'ils se sentent plus en sécurité. Mais, sincèrement, pour l'industrie de la musique, pour les artistes, pour les gens aussi... Ça permet de se changer les idées, ça fait partie de la vie. Là, on est tous un peu punis.

Récemment, M. Pokora a regretté que les artistes n'aient pas été courageux pour faire front, face au gouvernement, réclamant des mesures concrètes autour de la reprise des concerts. Où est-ce que tu te situes ?
Tout le monde se sent un peu dépassé avec ce virus. Ce n'est pas si simple que ça. Même le gouvernement, ils ne se disent pas : "On va faire comme ça pour punir tout le monde". Ce n'est pas un plaisir pour eux. Ils aimeraient que tout le monde dans le pays ait repris ses activités. Ils n'en savent pas plus apparemment, ils naviguent un peu à vue aussi. Mais là on peut se permettre de reprendre les concerts, en respectant les gestes barrières. J'imagine que ça va arriver dans les prochaines semaines, dans les mois proches. On reste positif ! (Sourire)

Tu peux faire la fête même en restant assis
Pour t'avoir vu déjà sur scène à deux reprises, c'est toujours une grande célébration. Comment tu les imagines tes prochains concerts si les gens sont assis ? Ce sera un peu moins la fête ?
Je n'ai pas de problème avec ça, franchement je ne me projette pas trop. Tu peux faire la fête même en restant assis. Je vais quand même tout donner. Et puis sur mes derniers albums, il y a plus de chansons avec du texte, c'est un peu plus posé, il y a un côté plus intimiste. Même s'il y a encore des moments prévus pour jumper ! (Rires)

Le confinement ça t'a fait prendre du recul sur ton métier, sur la vie ?
Oui, forcément. Ça m'a fait énormément de bien. Déjà, j'ai été épargné par la Covid, mes proches, ma famille. A partir de ce moment-là, on l'a bien vécu. On a eu peur au début, forcément. Mais ça m'a posé. Je suis un grand privilégié, je le sais, j'ai une maison, un jardin, dans le sud de la France, avec les enfants. Je ne l'ai pas vécu de la même manière que des potes à Paris dans 20m². Mais j'ai pu faire de la musique, 5/6 heures par jour, à geeker sur une machine pour programmer mes basses, mes batteries, mes claviers. Et j'ai justement composé et fini "L'ours" à ce moment-là.

Regardez le clip de "L'ours" de Christophe Maé et Youssou N'Dour :



Quand est née l'idée de cette réédition qui arrive en octobre ?
C'est venu après la naissance de la chanson. J'ai eu l'idée du refrain, de l'emmener en Afrique, ça m'a donné envie de rentrer en studio. J'ai appelé mes potes musiciens, ma famille musicale. C'est pour ça que j'ai souhaité l'appeler "Ma vie d'artiste - Unplugged". Il y a un guitariste qui vient du Togo, une choriste sénégalaise, une autre de Côte d'Ivoire, un chanteur cubain percussionniste, un musicien de jazz de New York qui chante aussi... Cette diversité, ces sonorités, amènent un côté solaire dans ma chanson française. Après deux mois de confinement, on s'est isolé pendant trois semaines dans le sud de la France, ça a été un luxe. On était tellement heureux de se retrouver que ça s'entend, il y a une fraîcheur. J'avais envie d'ailleurs, de voyage.

A quoi peut-on s'attendre sur cette réédition ?
Ça a été un vrai plaisir de revisiter, de faire renaître des morceaux comme "Mon paradis" qui est sur mon tout premier album. J'ai pioché 2-3 titres par album de ma discographie, et au final, on se retrouve avec 14 titres. Il y a même une petite captation, on avait posé une caméra avec une trentaine de potes invités.

Je ne suis pas un porte-drapeau de l'écologie
L'idée de "L'ours" vient de ton ami Florian Gazan en 2015. Comment tu expliques que la chanson n'arrive que maintenant ?
Oui ça a mis cinq ans... Je n'arrivais pas à trouver le refrain. J'avais trouvé un truc mais il y avait quelque chose qui me dérangeait, je n'aimais pas. J'ai ressorti cette chanson à plusieurs reprises, j'y tenais, je ne voulais pas la négliger, parce que j'aimais le couplet, le thème me parle. Je trouvais ça hyper original. Et puis pendant le confinement, j'ai eu l'idée d'y apporter une mélodie africaine, de transporter cet ours en Afrique. Et là, ça a été une évidence. Tout s'est fait naturellement, même pour Youssou N'Dour et Yann Arthus-Bertrand. J'y croyais !

Tu chantes "Un jour, les seuls ours blancs seront les peluches de vos enfants". C'est dur de chanter ce genre de paroles ?
C'est une espèce en voie de disparition, on le sait. C'est un constat que je fais à travers cette chanson, et si ça peut faire écho auprès des gens qui m'apprécient, d'être un peu plus responsable par rapport au réchauffement climatique, pourquoi pas. Mais je ne suis pas un porte-drapeau, un porte-parole de l'écologie, loin de là. C'est pour ça que je suis très content d'être entouré de Yann Arthus-Bertrand qui, lui, est un expert.

Quand on a la solution de moins polluer, on se doit de le faire
Que ce soit lui qui réalise, c'était primordial sur ce projet ?
Au-delà de l'expert et de l'activiste qu'il est, pour moi, c'est un vrai artiste. Il a réveillé ma conscience à travers ses documentaires, "La soif du monde", "Home", "Human"... J'ai tout regardé de ce mec-là, ça fait une dizaine d'années que je le suis. C'est quelqu'un qui me parle. Je suis assez fier du résultat !

Quand est née cette sensibilité écolo chez toi ?
Ça m'a toujours parlé personnellement. Même si je fais partie d'une génération à qui on n'a pas trop parlé d'écologie. Mes enfants grandissent avec, ils rentrent de l'école et ils m'en parlent, ils se sentent vachement plus concernés que nous. Ils m'en apprennent plus que moi je ne le fais ! Mais déjà, sur mon premier album, j'avais un titre qui s'appelait "C'est ma terre". Plusieurs années après, j'ai fait un titre "Nature". Je prends plaisir à défendre ça, à apporter ma pierre à l'édifice.

On le sait, le métier d'artiste n'est pas forcément très écologique, avec les tournées notamment qui polluent beaucoup. Par exemple, Coldplay a décidé de ne pas partir en tournée en attendant de trouver des solutions alternatives pour respecter l'environnement... C'est délicat parfois d'avoir une sensibilité écolo tout en faisant ce métier ?
Trouver une solution écolo avant de repartir en tournée... Je pense que Coldplay ils ne sont pas prêts de repartir ! Après, moi, je fais mon métier, je suis bien obligé de le faire. Je ne vis que pour ça, j'aime tellement ça, mais il n'empêche que je peux quand même aborder ce sujet-là. (Il prend une pause) Je t'avoue que je ne m'attendais pas à cette question !

C'est un sujet intéressant, il y a une vraie réflexion en cours chez certains artistes. Tryo par exemple compense le bilan carbone de ses tournées en replantant des arbres...
Ma contribution, ça peut être de faire des concerts ici, à la Fondation GoodPlanet. Tu me donnes une idée, je pense à voix haute. Organiser un concert pour récolter des fonds... Et ça, c'est déjà en route avec Yann Arthus-Bertrand.

Retravailler avec Jenifer ? Avec plaisir
Tout à l'heure durant le showcase donné à la fondation GoodPlanet, Yann Arthus-Bertrand a dit que les artistes devaient être des messagers. Toi, tu abordes donc le réchauffement climatique sur "L'ours", tandis que Julien Doré vient de sortir un album autour de l'écologie. Tu penses que les choses changent dans l'industrie ?
Tu sais, je ne parle pas vraiment... Avec cette chanson-là, je parle plus de responsabilité, d'être responsable de ce que tu fais au quotidien. Quand on a la solution de moins polluer, on se doit de le faire, c'est ça être responsable. Tu peux avoir un geste plus vertueux, agir. Mais parler d'écologie, devenir un porte-drapeau, non. Je ne suis pas un expert, je suis un chanteur, un musicien. Si ça peut toucher des gens et apporter une réflexion chez eux, c'est déjà ça de gagné. C'est un thème qui a toujours été là, c'est pas récent.

Tu as déjà des idées pour un prochain album ?
Non. Aujourd'hui, sincèrement, j'ai envie de jouer, de reprendre la route, d'aller m'éclater sur scène, de retrouver le public. Pendant le confinement, j'ai fait quelques lives à la maison, mais le vrai live, avec le public devant toi, où tu partages un vrai moment, ce n'est pas du tout la même chose. J'ai d'autres projets mais ça concerne la scène. Comme une tournée des vignobles, avec 200-300 personnes chaque soir. Je vais mettre ça en route mais on attend de voir comment on va sortir de cette période-là avant de planifier les dates. J'ai envie de proximité. Je tends vers ça.

Je ne sais pas si tu as vu ça mais le titre "Comme c'est bon", que tu as écrit et composé pour Jenifer, a cartonné pendant le confinement...
Oui c'était génial ça ! J'étais trop heureux pour la chanson et pour Jen. C'est ma pote, je l'adore. Cette chanson, on y a cru. Elle est venue la chanter à la maison, ça a pris tout son sens.

Tu aimerais travailler avec elle pour son prochain album ?
Si elle me fait sonner, je serai là avec plaisir.
Pour en savoir plus, visitez son site internet officiel et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez la discographie de Christophe Maé sur Pure Charts.

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