Carla Bruni

Crédits photo : pochette de l'album Little French Songs
Pendant cinq ans, elle a refusé de monter sur scène - mais pas d'écrire. Et Carla Bruni a été inspirée. Cinq ans après la sortie en 2008 de son troisième album, "Comme si de rien n'était", l'auteure et compositrice nous livre onze ballades à la fois lumineuses et romantiques, sincères et enjouées. Dans "La dernière minute" (2002), Carla Bruni redoutait la mort. Une dizaine d'années se sont écoulées et sa perception a changé. Elle s'imagine centenaire malgré l'emprise du temps sur son visage et ses mains dans la chanson "Pas une dame", roots. Envisageant l'avenir avec sérénité, elle chante avec délectation "La valse posthume", à la manière de Barbara sur un air de Chopin. Le style désinvolte qui avait fait recette a aujourd'hui évolué pour affirmer une vraie patte, une voix plus colorée par le cadran de l'horloge qui continue de tourner.

Langoureusement, Carla Bruni ouvre cet album avec "J'arrive à toi", « par miracle », accompagnée par le violoncelle de Vincent Segal et la guitare de Freddy Koella. Une entrée en matière captivante qui annonce un disque intime, à l'instar de la "Prière", mélancolique, sur laquelle la chanteuse évoque la foi : « Je prie sans Dieu, sans foi, sans paradis, sans croix ». Elle préfère accorder la souveraineté à ses envies en murmurant « Liberté, liberté, liberté » ("Liberté"). Plus travaillée, la voix de Carla Bruni s'affirme sur "Le pingouin", chanson tant décriée qui file à toute allure dans les aigus pour répondre avec arrogance aux coups qui lui ont été portés.

Hommage à Charles Trenet, Georges Brassens et Nicolas…

Sur "Little French Songs", Carla Bruni a aussi décidé de rendre hommage à des personnes qui l'inspirent ou l'ont inspirée dans son quotidien d'artiste et de femme. Comme son ami François Baudot, qui l’appelait "Darling", et son mari, qu'elle refuse de nommer Nicolas. Il s'appellera donc "Mon Raymond" parce que « c'est lui l'patron ». « Et bien qu'il porte une cravate, mon Raymond est un pirate » chante-t-elle au son de quatre consonnes et trois voyelles, comme en 2002 sur son premier album dans le titre "Raphaël", hommage à son compagnon de l'époque.

Outre ses proches, des artistes se retrouvent également sous sa plume, comme Brassens, Brel et Ferré. « Because we have de quoi frimer » souffle-t-elle dans "Little French Song", chanson-titre qui met à l'honneur notre culture populaire dans la langue de Shakespeare : « We have Boris Vian, Barbara, Gainsbourg, Prévert, Kosma », que l'on imagine déjà chantée sur les scènes à l'étranger. Ambassadrice de la culture française, ou plutôt de notre "Dolce Francia", une reprise de Charles Trenet traduite dans sa langue maternelle, Carla Bruni a été touchée par l'incroyable destin de l'actrice et modèle italienne Anita Pallenberg, compagne pendant plusieurs années du guitariste Keith Richards (Rolling Stones). Une relation sulfureuse marquée par les abus de la drogue - « Non je ne fume pas » assure-t-elle dans le titre "Chez Keith et Anita" -, mais aussi le symbole d'une vie exaltée. Une touche de musique cubaine qui nous inspire la douceur de vivre.