Bruno Mars

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Comment donner suite au succès en or massif du tube "Uptown Funk" ? Voilà l'épineuse question qui a du hanter Bruno Mars et lui donner des sueurs froides au moment où il s'est attelé à l'écriture de son nouvel album. Le chanteur hawaïen a acquis une telle aura ces dernières années qu'on oublierait presque qu'il n'occupe l'espace médiatique que depuis six ans. "Nothin' On You" de B.o.B, puis "Grenade" et "Just the Way You Are", ses premiers tubes, ont révélé à la face du monde une voix gorgée de soul, maîtrisée à la perfection mais surtout délicieusement nostalgique. En réalité, sur son premier album "Doo-Wops & Hooligans" (2010), il fallait se pencher sur l'excellent "Runaway Baby" pour comprendre l'héritage musical dans lequel s'inscrit Bruno Mars, bercé durant son enfance par les descendants de la Motown : Boys II Men, Whitney Houston, Mariah Carey, Prince et Michael Jackson. Une diaspora assez éclectique qui représentait la pop au sens large.

Un projet construit et séduisant

Bâti pour réchauffer les corps, entre ses hits frénétiques mais aussi ses slows langoureux, l'album "24K Magic" vient donc consacrer pleinement ce golden age de tous les possibles où soul, jazz, R&B, reggae et rock'n'roll se télescopaient et s'entrelaçaient pour donner naissance à des morceaux hybrides, simplement guidés par l'amour de la musique. Mais attention, ici, rien n'est laissé au hasard. Chez Bruno Mars, le son et l'image ne font qu'un ! Et c'est là l'une des clés de sa réussite, à l'heure où les réseaux sociaux ont pris une importance stratégique considérable. S'il n'aime pas trop se dévoiler, gardant jalousement pour lui sa vie privée, le chanteur est passé maître dans l'art de la communication. Ainsi, le single "24K Magic" a été pourvu d'un clip cliquant tourné à Las Vegas dont l'ambiance festive a soigneusement été recréée à chacune des prestations de l'artiste, entouré de son crew, lors du "Saturday Night Live" ou des NMA. Ici, on se retrouve donc face à un produit fini parfaitement fignolé dans les moindres détails, qui a d'ailleurs su conserver sa part de mystère pour créer l'attente.

Regardez le clip "24K Magic" de Bruno Mars :

Des inspirations (un peu trop) évidentes

Mais écartons la forme pour nous concentrer sur le fond. La grande force de Bruno Mars ? Apprendre des plus grands pour perfectionner son art. Difficile de ne pas admirer la finition des productions de Shampoo Press & Curl (auprès de Bruno Mars depuis ses débuts) tant chaque note, chaque accord de piano, chaque percussion, chaque cuivre qui rugit est placé avec précision. L'humeur communicative de "Perm" évoque, bien sûr, la figure de James Brown tandis que le sublime "Too Good To Say Goodbye", qui clôt l'opus, fait une référence plus contemporaine à Babyface. Logique, puisqu'il en est le co-auteur ! Question texte justement, Bruno Mars décline ses thèmes de prédilection - l'amour, la séduction et le sexe - avec une énergie à toute épreuve et un sens certain sens de l'acting. Classique mais efficace ! On décèle du Stevie Wonder dans la première partie du disque, beaucoup plus solaire et rythmée, alors que la deuxième, plus romantique, ravira sûrement les fans de Lionel Richie.

Mais in fine, la vraie inspiration qui saute aux yeux est évidemment celle de Michael Jackson. Presque trop pourtant. Si la sensualité débordante de "Versace On The Floor" rappelle les plus belles ballades du King of Pop, "Finesse" franchit la ligne rouge en copiant sans originalité la mélodie de "Remember The Time". On pourrait presque chanter le texte original par dessus ! Dommage car cette tentative maladroite nous révèle finalement que Bruno Mars a encore du travail pour se hisser au niveau de ses aînés. D'autant que le disque ne comporte que neuf pistes. Mais pour être honnête, c'est sans doute l'artiste le plus doué de sa génération, et le seul qui semble incarner cette musicalité d'un autre temps, si rare de nos jours.