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Björk fait contre mauvaise fortune bon coeur. Suite au leak anticipé de son nouvel album deux mois avant sa sortie, l'artiste islandaise s'est résolue à le publier à la hâte sur les plates-formes de téléchargement. Les fans ne bouderont pas leur plaisir, d'autant que ce nouveau projet baptisé "Vulnicura" renoue avec une certaine tradition pour les belles mélodies symphoniques. Si la chanteuse de 49 ans a choisi de s'éloigner des expérimentations électroniques de "Biophilia", c'est parce que ce neuvième opus est éminemment personnel. Plutôt que de nous transporter dans un univers conçu par son esprit bouillonnant de créativité, Björk nous fait entrer dans son monde. Non sans douleur...

"L'expérience la plus douloureuse de toute ma vie"

"Vulnicura" est hanté par le fantôme de la relation entre l'Islandaise et l'artiste Matthew Barney, son amour de longue date et père de sa fille. Leur rupture, et l'éclat du cocon familial qui a suivi, a profondément bouleversé Björk. « Quand j'ai fait cet album - tout s'est effondré. Je n'avais plus rien. Ca a été l'expérience la plus douloureuse de toute ma vie. La seule façon dont j'ai pu la gérer a été d'écrire, de composer, de jouer des cordes » confie la musicienne à Pitchfork.

De ce fait, Björk décrit "Vulnicura" comme un « journal intime ». Sur "Black Lake", vertigineuse piste de dix minutes couchée sur papier deux mois après la séparation, la chanteuse compare son amour perdu à un « bouclier fissuré ». « Je suis aveugle, je me noie dans un océan » se lamente-elle, sur des sanglots de violons. Ce qui lui a permis de surmonter cette douloureuse épreuve, c'est sa rencontre avec le producteur vénézuélien Arca. « Je ne veux pas me vanter mais je reçois beaucoup de propositions d'artistes qui souhaitent collaborer avec moi. La plupart du temps je réponds "je suis flattée, mais je le sens pas" » explique l'interprète de "Bachelorette". « Mais il a pris contact avec moi il y a deux ans et c'était le timing le plus parfait qui soit. Je venais juste d'écrire des centaines de chansons et de composer ces arrangements à la corde. Mais le sujet était si difficile que je n'avais qu'une envie : m'enfuir. Et puis il est venu me rendre visite en Islande et nous avons passé un moment formidable » se rappelle-t-elle. « D'une certaine manière, il a su prendre à bras le corps ce thème tragique ». Le résultat déborde d'émotions et, le plus important, de musicalité.