Crédits photo : DR
S'ils passent leur temps à rapper à la maison ou entre potes, plusieurs événements vont permettre à Florian, 22 ans et Olivio, 19 ans, de passer de leurs chambres au studio d'enregistrement puis d'accéder à la notoriété. Nous sommes en 2011, et comme Nekfeu avant eux, les deux jeunes MC participent en duo aux battles "Rap Contenders". Durant une vingtaine de minutes, ils affrontent un autre duo à coup de vannes et punchlines. Bigflo et Oli remportent le clash haut la main, et voient leur popularité croître sur internet. En 2013, les deux frères signent chez Polydor, enregistrent "Le Trac", EP qui sort en 2014 et fait office de carte de visite. Avec un père Argentin, chanteur de salsa et une mère algérienne, les deux enfants baignent dans la musique et rejoignent le conservatoire. Florian joue de la batterie et Olivio se dirige vers la trompette. Cet amour pour la musique les amène à composer eux même leur premier EP.

Une maturité dans le texte qui surprend

Avec seulement cinq titres proposés dans un premier temps, Bigflo et Oli parviennent néanmoins à définir leur univers et leur style, loin des thématiques bling-bling et violentes qui sont habituellement évoquées dans le rap. Le morceau "Gangsta" illustre leur volonté de ne pas se mettre à parler de choses qui ne leur ressemblent pas. "J'ai pas l'fric, j'ai pas l'style, j'ai pas les bras" clame le duo en cœur. « Même si on ne parle pas de tout ca, ça ne nous empêche pas d'être à l'aise derrière un micro et on n'a pas à pâlir devant les autres » déclare l’aîné sur le plateau de C à Vous, en avouant être plus proche du style IAM que Booba. Malgré leur jeune âge, Florian et Olivio aiment aussi évoquer des thème difficiles.



"Monsieur tout le monde" présent dans l'EP raconte l'histoire d'un trentenaire ordinaire, père de famille et prisonnier de la route qui finit par craquer et perdre pied. « On écoutait Sinik et Diam’s quand on était jeunes, Kery James aussi. Ils étaient assez tristes, ça nous a peut-être influencés » déclare le duo à RFI. Pour accompagner ce morceau coup de poing, le duo fait appel à Kyan Khojandi pour jouer le rôle de ce père de famille dans un clip qui aura l'effet d'une gifle et fera connaître Bigflo et Oli à des millions de personnes et vient garnir une communauté de fans déjà importante. Après ce morceau d'une maturité impressionnante, les frères sortent au mois de juin l'album "La cour des grands" qui s'écoule à plus de 15.000 exemplaires dés la première semaine. Les frangins s'amusent dans le clip "Nous aussi", morceau où ils tournent en dérision le style habituel des rappeurs qu'on entend de nos jours et évoquent leurs soirées entre potes dans "Comme d'hab".



Bigflo et Oli n'oublient pas d'aborder des thèmes profonds et évoquent l'avortement dans le très touchant "Le cordon" où ils rappent le dialogue d'une mère et de son enfant non désiré. « J’étais tranquille devant la télé et Oli me dit : 'J’ai une idée de thème, ça serait ouf. Je voudrais écrire le couplet d’un enfant avorté qui parlerait à sa mère'. J’ai réfléchi et je lui ai dit : 'Si tu écris ça, moi je fais le couplet de la mère qui lui répond'. C’est un jeu, au final » explique l’aîné à RFI. En résumé, les deux frères rappent sans se prendre la tête, aiment s'amuser et ne se mettent aucune barrière. C'est sûrement ce qui leur permet de séduire de plus en plus de monde. L'énergie folle que dégage le duo en concert, leur a ouvert les portes de nombreux festivals cet été juste avant d'entamer leur première tournée à la rentrée. Avec plus de 30.000 exemplaires écoulés pour "La cour des grands", une chose est sûre, la France n'a pas fini d'entendre parler de Bigflo et Oli.

Regardez le clip "Le cordon" de Bigflo et Oli :