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"Lemonade" : que vaut le nouvel album de Beyoncé ? Critique, titre par titre !

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Il y a quelques jours, Beyoncé dévoilait par surprise son nouvel album "Lemonade". La diva livre un disque troublant dans lequel elle se met à nu, tout en continuant ses combats féministes et identitaires. Critique, titre par titre !
Crédits photo : Pochette de Lemonade

1. "Pray You Catch Me"


Les premières notes lascives et le souffle de Beyoncé donnent le ton de "Lemonade". Sa voix résonne et la chanteuse nous emmène instantanément dans son univers aérien et brumeux. Quel plaisir de la réentendre ! Vulnérable et blessée, accompagnée d'un piano, de violons et de plusieurs couches de choeurs, Beyoncé ravive les rumeurs d'infidélité de Jay-Z. « Nothing else ever seems to hurt like the smile on your face ». Sublime entrée en matière, où les silences en disent long. 4/5

2. "Hold Up"


Produite par Diplo, ce morceau aux influences reggae brille principalement pour sa production bondissante et son refrain répétitif, aussi accrocheur qu'agaçant. « Hold up, they don't love you like I love you / Slow down, they don't love you like I love you ». Provocante, féministe mais désespérée car bafouée, Beyoncé assure à JAY-Z qu'il ne serait rien sans elle. Jealous ou crazy ? Ambiance. Dommage que "Hold Up", porté par un texte musclé, ne soit pas plus audacieux et nerveux dans le son. 2,5/5

3. "Don't Hurt Yourself" (featuring Jack White)


Collaborer avec Jack White des White Stripes ? Excellente idée. Beyoncé sort de sa zone de confort, conserve une ambiance reggae avant de sauter à pieds joints dans le rock. Dans la peau d'une femme trompée, elle s'en prend à nouveau à Jay-Z, en s'appropriant le fameux "Cause when you diss Dre, you diss yourself" de Dr. Dre. Au final, "Don't Hurt Yourself" déçoit avec un son saturé, irritant et des paroles qui tournent en rond. 1,5/5

4. "Sorry"


Tube en vue. Dans la lignée de "Drunk in Love" ou "XO", Beyoncé propose une production sombre et répétitive, mais radiophonique grâce à son refrain : « Sorry, I ain't sorry / Sorry, I ain't sorry / I ain't sorry, nigga ». S'amusant dans son interprétation, énervée dans son texte mais tout en douceur dans la forme, la chanteuse propose ici un titre malin et addictif, où elle se ligue à nouveau contre son homme indifèle avec une certaine "Becky with the good hair". Beyonce regrette de s'être mariée et semble prête à prendre la fuite avec son enfant sous le bras. Fierce ! « Middle fingers up ». 5/5

Regardez le clip "Formation" de Beyoncé :



5. "6 Inch" (featuring The Weeknd)


Un duo Beyoncé-The Weeknd semblait une bonne idée. Mais "6 Inch", qui raconte le quotidien d'une femme d'affaires puissante armée de ses talons de 15 centimètres, ne surprend pas vraiment. On attendait quelque chose de plus percutant. Heureusement, le titre décolle un peu vers la fin à partir du pont et son fédérateur « She grinds from Monday to Friday / Works from Friday to Sunday » qui fera un tabac en live. The Weeknd ne fait d'ailleurs ici qu'une brève apparition... 2,5/5

6. "Daddy Lessons"


Inspirée par la musique de la Nouvelle-Orléans d'abord puis s'abandonnant totalement à la country, Beyoncé se livre sur son enfance au Texas et raconte tout ce que lui a transmis son père, qui fut longtemps son manager. Déroutant à la première écoute, "Daddy Lessons" est finalement une vraie bonne surprise, grâce à un texte sincère et touchant, ainsi qu'un refrain accrocheur. « Good job, B ! » 3,5/5

7. "Love Drought"


De retour dans la peau de cette femme en pleine relation toxique, Beyoncé fait appel ici à Mike Dean, collaborateur fidèle de Kanye West. Amoureuse éperdue, la diva y détaille son manque de confiance, les mensonges de son boyfriend et leurs émotions contradictoires sur un beat nocturne aux synthés. Rien de bien transcendant, mais l'interprétation sur le fil de Beyoncé balaie l'ennui général. 3/5

8. "Sandcastles"


C'est LA ballade de l'album. Presque religieuse avec son piano-voix et ses choeurs gospel, la chanson bouleverse car on n'a jamais entendu Beyoncé chanter de cette manière. A nu, sans fard, la voix éraillée quand elle donne dans la puissance, la star raconte la fin d'une histoire, comme un château de sable emportée par les vagues. Malgré l'amour, le couple se déchire avec violence, et Beyoncé souhaite désormais tourner la page. Partir, rester, revenir ? Difficile de s'y tenir quand les sentiments sont aussi forts. 4/5

9. "Forward" (featuring James Blake)


Reliée à "Sandcastles" par les notes de piano, "Forward" relie les deux parties qui se déchiraient jusqu'ici dans une chanson vibrante, très courte, sous forme d'interlude, qui sonne comme un mirage. Le couple est prêt à renouer... « Go back to your sleep in your favorite spot just next to me ». Fantasme ou réalité ? 2/5

10. "Freedom" (featuring Kendrick Lamar)


La rencontre entre Beyoncé et Kendrick Lamar, deux artistes engagés, est forcément source d'étincelles ! Sur un beat percutant et agressif, "Freedom" remue la douloureuse période qu'a été l'esclavage, faisant le lien avec les bavures policières qui ravagent les Etats-Unis. Sous forme d'un chant révolutionnaire, Beyoncé et Kendrick frappent fort et s'engagent pour l'égalité. 3,5/5

11. "All Night"


Chanson préférée de Beyoncé, "All Night" est, il est vrai, la meilleure chanson de l'album "Lemonade". A nouveau produit par Diplo, avec des sonorités R&B et reggae en filigrane, le titre, entre vérité et mensonges, multiplie les ambiances, entre ses couplets langoureux et sensuels, son pré-refrain au flow urbain ("Kiss up and rub up and feel up") et son refrain planant où la voix de Beyoncé s'envole pour plus d'émotions tandis que les trompettes s'invitent... Un sans faute. 5/5

12. "Formation"


Produit par Mike WiLL Made It, "Formation" est l'occasion pour Beyoncé de mettre les choses au clair. Alors qu'elle s'offusque des conditions de vie en Nouvelle-Orléans, la chanteuse flingue les rumeurs concernant son appartenance aux Illuminatis, tacle les paparazzi, revendique ses origines et préfère mettre sa popularité pour former une nouvelle génération de femmes, fières et fortes. She slays ! 4/5

Plus centré sur ses sentiments que sur son engagement, "Lemonade" sonne comme un tournant pour Beyoncé. La star se libère de ses chaînes et tente des expériences, souvent avec brio, n'hésitant pas à se mettre à nu, affichant enfin un visage humain. Pas de gros tubes en perspective mais un album solide.
Retrouvez l'actualité de Beyoncé sur son site officiel et sa page Facebook.
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