Beyoncé

Crédits photo : Montage Pure Charts / Abaca / Grammy
Vingt deux ans séparent la prestation de Michael Jackson au Super Bowl à celle donnée dimanche soir par Coldplay. Pour divertir les 100 millions de spectateurs rivés devant leur écran et les 60.000 présents dans le Levi's Stadium de Santa Clara, le groupe britannique a demandé à Beyoncé, Bruno Mars et Mark Ronson de lui prêter main forte. Discrètement mais sûrement, la chanteuse a volé la vedette à quiconque se trouvait sur scène à ses côtés. Alors qu'elle partage avec Coldplay le duo "Hymn For The Weeknd", dont le clip tourné en Inde vient de paraître, la star américaine a préféré interpréter son nouveau single dévoilé la veille par surprise : "Formation", un titre urbain résolument engagé dans lequel Beyoncé évoque avec poigne ses origines afro-américaines, la détresse de la Nouvelle-Orléans et les bavures policières qui secouent les États-Unis.

Comme si la lumière des projecteurs était trop blafarde à son goût, l'interprète de "7/11" en a profité pour annoncer les dates de la grande tournée des stades qu'elle lancera à travers le monde (et la France) cet été. En d'autres termes, Beyoncé n'était pas là pour faire du copinage mais bel et bien pour promouvoir son produit-phare : elle-même.

Beyoncé était là pour lancer sa promo

Muée dans sa nouvelle peau de militante alors que de nombreux commentateurs lui reprochaient son silence sur la question raciale jusqu'ici, la popstar a accoutré son armée de danseuses à l'effigie des Black Panthers, le célèbre mouvement révolutionnaire afro-américain. La diva, perfectionniste jusqu'au bout des ongles, a même poussé le vice de l'emprunt jusqu'à arborer une veste militaire en cuir traversée de deux ceintures de munitions dorées, signée des designers Dean et Dan Caten de la marque Dsquared2. Une réplique quasi identique de celle que portait Michael Jackson lors de la mi-temps du Super Bowl le 31 janvier 1993.

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Difficile d'y voir un simple clin d'oeil. Comme le roi de la pop en son temps, Beyoncé exerce un contrôle absolu sur son image. Avec plus ou moins de réussite, comme en témoigne la diffusion virale des photos peu flatteuses de son propre show au Super Bowl en 2013 qu'elle avait tenté de faire interdire. A l'instar de son aîné, qu'elle évoque justement dans son nouveau single à travers les Jackson 5, la star maîtrise les codes de l'industrie musicale comme personne et sait le bouleverser. Qui d'autre qu'elle, aujourd'hui, pouvait enregistrer dans le plus grand secret 14 titres et tourner 18 clips, compilés dans un album ("BEYONCÉ", 2013) sorti à la surprise générale ?

Michael Jackson est inimitable

C'est typiquement cet état d'esprit que défendait Michael Jackson à travers son oeuvre. Lui aussi était capable de repousser les limites de l'art, avec son flair et son génie de la musique. Du génie, c'est peut-être ce qu'il manque à Beyoncé pour marquer durablement son temps diront certains. A l'inverse de son modèle, la chanteuse ne peut pour le moment ni revendiquer un catalogue générationnel ni un répertoire intemporel. Toute la réussite de son propos repose principalement sur son image de travailleuse acharnée (qu'elle est) et de femme de pouvoir (aussi). Alors plutôt que de voir une filiation entre les deux artistes, fut-elle une simple veste, on préférera se souvenir de l'entrée spectaculaire de Michael Jackson lors de ce fameux Super Bowl. Apparu à trois endroits du Rose Bowl Stadium en même temps, l'illustre chanteur, décédé en 2009, était resté stoïque durant trois minutes (littéralement) sous les cris hystériques du public. Une posture qui sera transformée en statue sur la pochette du best-of "HIStory" et qui restera gravée dans les mémoires.

Regardez la prestation de Michael Jackson au Super Bowl en 1993 :