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Bastille en interview pour son album "Wild World" : "C'est une évolution naturelle"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
C'est dans les coulisses du Sziget Festival, à Budapest en Hongrie, que nous avons rencontré les cinq membres de Bastille. Décontractés et impatients de jouer sur la Main Stage face à 65.000 spectateurs, Dan et sa bande nous parlent de leur deuxième album "Wild World", à l'essence beaucoup plus rock, et de leurs liens privilégiés avec la France.
Crédits photo : Fabien Chareix
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

En quoi votre nouvel album "Wild World" est différent de "Bad Blood" ?
Dan : On a eu envie d'explorer de nouveaux horizons. Pour cet album, on a testé de nouvelles sonorités, de manières d'écrire aussi. Il y a beaucoup de guitare, et énormément de guitare électrique ! Sur notre premier disque, on avait sciemment décidé d'exclure cet instrument, ce qui nous a finalement laissé beaucoup d'espace et de matière à travailler pour celui-ci. On a également essayé d'inclure une petite touche hip-hop à nos productions, tout en poussant le curseur rock beaucoup plus loin. Il y a une chanson qui s'appelle "Two Evils" et qui est très bluesy... Ça ne ressemble à rien de ce qu'on a pu faire auparavant ! Je crois que les fans seront étonnés. En fait, on a surtout voulu prendre du plaisir à le faire, en repoussant nos limites pour mieux surprendre. Il y a quelques titres qui, on le sait, provoqueront la confusion, les gens vont se dire : "Qu'est-ce que je viens d'entendre ? Ce n'est pas du Bastille ça". C'était ça aussi le challenge. Mais ça reste un album de Bastille dans son essence. Je chante, tout le monde joue... C'est une évolution naturelle.

Le monde est foutu
Quels sont les thèmes que vous avez voulu aborder sur cet album ? Sur le premier, il était question du passage à l'âge adulte et des peurs à affronter...
Je crois qu'il s'agit d'un état des lieux du monde dans lequel on vit, et surtout comment y vivre. Certaines chansons sont inspirées par des ouvrages ou des films, mais on voulait surtout dire combien le monde d'aujourd'hui est foutu ! (Rires) C'est simple, il suffit de regarder le JT pour se sentir complètement démoralisé... On a voulu s'interroger sur la façon de trouver sa place. Il n'y a pas de bonne réponse, évidemment. Mais on voulait aussi rappeler qu'il existe, au milieu de ce chaos, des gens extraordinaires, qui tentent de rendre le futur un peu meilleur. L'amour, l'amitié... C'est peut-être naïf mais ce sont des points de repère sur lesquels s'appuyer. C'est un peu plus compliqué, bien sûr. L'album parle de ça mais fait s'exprimer plusieurs voix, plusieurs points de vue, il y a des extraits de dialogues entendus au cinéma, de documentaires... C'est un peu sauvage, comme le titre.

Crédits photo : Fabien Chareix
"Bad Blood", "Wild World"... Ces titres ne sont pas très optimistes finalement ! Vous êtes à ce point déçus du monde actuel ?
C'est intéressant que tu interprètes "Wild World" comme quelque chose de négatif. (Sourire) C'est sûr qu'avec ce titre et cette pochette (ndlr : une vue aérienne de Manhattan), on sait à quoi on pense... On vit des temps très compliqués. Mais c'est surtout à l'auditeur de l'interpréter comme il le sent, en bien ou en mal.

Le clip du premier single "Good Grief" est à la fois drôle et surréaliste, presque effrayant... Quel concept aviez-vous en tête ?
On ne voulait surtout pas donner du sens à la chanson à travers la vidéo. C'est un beau défi. Disons que c'est un Rubik's Cube visuel ! Il y a neuf tableaux qui s'entremêlent et s'imbriquent les uns dans les autres, dans un joli foutoir à la fois irréel et artistique. Comme si tu prenais peu à peu conscience que ton cerveau pète un plomb... On a travaillé avec ce collectif espagnol, NYSU, qui avait cette vision un peu folle. En fait, on ne voulait pas faire un clip banal, où on joue le morceau sur une scène pendant que la bande-son défile. En blaguant, j'ai sorti en réunion "On utilisera seulement une bande-son si ma tête est décapitée sur le sol". Et bim, c'est ce qu'il s'est produit ! (Rires)

Regardez le clip "Good Grief" de Bastille :



On adore la France !
Quel est le secret pour écrire une bonne chanson pop ?
Oh m*rde, je ne sais pas. (Rires) Non, je crois que c'est important d'écrire des mélodies qui restent marquantes. Pour moi, une bonne chanson doit également avoir de la profondeur. Tout a déjà été dit, des millions de fois... Il ne faut pas se cantonner à du surfait. En général, un bon titre accroche d'abord l'oreille, et ce n'est qu'après plusieurs écoutes que tu te penches vraiment sur le sens des paroles. C'est là que la chanson doit avoir un impact différent. Mais peut-être qu'on n'écrit pas de bonnes chansons, tu devrais poser la question à d'autres si tu veux vraiment trouver la recette ! (Rires)

Vous avez choisi le nom de Bastille parce que tu es né un 14 juillet, Dan. Vous avez d'autres connexions particulières avec la France ?
Au-delà du côté "exotique" que représente ce nom pour un groupe britannique, on a tous passé de très bonnes vacances dans votre pays quand on était enfants. On a de supers souvenirs ! Et puis quand on était à l'école, en Angleterre, on avait des cours de français. Chaque année, j'avais un prof différent et donc à chaque fois que je me présentais, je devais dire (il le prononce en français) "Je suis né le 14 juillet". Et à chaque fois on me répondait d'un ton super enthousiaste : "Oooh, comme la prise de la Bastille !". Et hop, le prof embrayait en parlant de la révolution française, de la fête nationale... (Rires) On adore venir chez vous !

Crédits photo : Fabien Chareix .
Pour en savoir plus, visitez le site internet officiel de Bastille et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez l'album "Bad Blood" de Bastille sur Pure Charts.

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