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Balthazar en interview : "Pour l'album Sand, on était tous sur la même longueur d'onde"

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Le groupe belge Balthazar revient partager son groove imparable avec "Sand", son cinquième album qui vient de sortir. Via l'application Zoom, Jinte Deprez, le co-leader de la bande, nous explique la création compliquée de l'album, la thématique du temps qui le traverse et l'impatience du groupe à remonter sur scène. Interview !
Crédits photo : Ilk Bardijn
Propos recueillis par Théau Berthelot.

Comment est né l'album "Sand" ?
Il est né durant la tournée "Fever". L'album "Fever", c'était le moment où on s'est tous retrouvés après nos projets en solo. Quand nous avons commencé la tournée, c'est la première fois qu'on remontait tous ensemble sur scène, avec Tijs comme nouveau membre. On s'est vraiment amusés durant cette tournée car l'album était plus extraverti, nos concerts étaient plus dansants, on était plus enjoué à l'idée de jouer nos morceaux sur scène. On s'est dit que c'était vraiment sympa, que l'on pouvait aller plus loin en faisant tout de suite un nouvel album. Donc on a commencé à l'écrire pendant la tournée. C'est pour ça qu'il sonne aussi inspiré et entraînant. Mais quand on a voulu le finir, nous venions d'entrer en période de pandémie, donc au lieu de se retrouver en studio, on a dû finir l'album à distance, chacun chez soi et c'est pour ça qu'il est plus électronique et qu'il y a davantage de samples de batterie ou de synthés. Donc oui, la composition de "Sand" est venue de la tournée "Fever" et la façon dont il sonne, c'est à cause du corona (rires).

Le confinement nous a permis de nous concentrer sur l'album
Ce nouvel album arrive deux ans après "Fever", alors que vous avez l'habitude d'attendre 3 à 4 ans entre deux albums. Pourquoi avoir enchaîné si rapidement ?
En réalité, on ne laisse pas autant de temps à chaque fois (sourire). On a sorti "Rats", notre deuxième album, un an et demi après "Applause", le premier, soit assez rapidement. Seulement, après "Thin Walls" en 2015, on avait nos projets solo donc c'est pour cela que ça a mis plus de temps. Mais on a généralement l'habitude de sortir un album, en groupe ou en solo, tous les deux ans. Nous avons toujours été assez rapides et d'ailleurs, l'album parle pas mal de cette idée d'être impatient. En quelque sorte, c'est la raison pour laquelle on voulait faire aussi rapidement un nouvel album. On ne voulait pas attendre !



On a fini l'album à distance chacun chez soi
Comment réussit-on à créer un album en ces temps de crise ?
Au début, le confinement était une bonne chose pour nous. Ça nous a permis de se concentrer davantage sur l'album. Mais ça a eu très vite ses limites : vu qu'on ne pouvait pas se retrouver en studio, on a dû accepter les contraintes actuelles. Mais on ne s'est pas battus contre cela, on cherchait une nouvelle direction musicale... Être chacun dans sa maison, dans son propre studio, et s'envoyer les uns les autres nos idées, c'est comme ça que nous avons fini l'album. Dans un sens, je suis content que l'on ait pu finir le disque de cette manière. J'ai été surpris de la tournure qu'a pris le disque, car c'était quelque chose d'assez inattendu. Les limitations te rendent plus créatif. Et au moins, ça nous a permis de faire de la musique durant cette période.

C'est pour cette raison que vous dites avoir voulu faire les choses "différemment" pour cet album ?
A chaque album, nous essayons de faire quelque chose de différent car on ne veut pas se répéter à chaque fois. Mais cette fois, ce n'est pas quelque chose que nous avons cherché mais qui nous est tombé dessus. La Covid a été un facteur externe qui nous a dit "Ok, maintenant vous devez faire comme ça". En réalité, notre première idée était de se retrouver en studio tous ensemble et de voir ce qui en sortait mais on a dû le faire différemment cette fois. Ça a été donc une combinaison entre une composition extravertie et des arrangements plus intimes.

Les limitations te rendent plus créatif
L'une des thématiques principales de l'album est celle du temps qui passe...
Ça n'a pas été une décision consciente, en réalité ! Quand on a fini d'écrire les paroles, on a essayé de trouvé un thème principal. Et il y a tellement d'histoires différentes que c'était vraiment surprenant que cette idée du temps, de l'impatience, de vivre l'instant présent, soit présent dans toutes les chansons. Du coup, on ne l'a pas vraiment choisi, c'est arrivé comme ça. Peut-être à cause de notre âge, du fait que nous tournons depuis si longtemps ou de notre goût pour l'évasion... C'est un peu autobiographique !

On peut aussi lier cela à l'époque actuelle ?
C'était une coïncidence, c'était prophétique. On a chanté le futur (rires). Dans la musique pop, les paroles évoquent toujours quelque chose de spécifique mais en tant qu'auditeur, chacun peut y voir sa propre histoire. Ça a toujours été le cas dans la pop, mais aujourd'hui, c'est assez amusant que l'on chante sur ces thèmes-là alors que les vies de tout le monde sont mises sur pause. C'est un sentiment global, ce n'était pas notre intention mais j'aime bien cette idée de connexion avec l'époque actuelle.

Ecoutez "Moment" :


On a chanté le futur
Ça vous inquiète personnellement, la fuite du temps ?
Quand tu es super jeune, tu penses que tu as tout le temps devant toi, mais quand tu te vieillis, tu te rends compte que le temps passe super vite, mais tu veux toujours faire autant de choses. Tu m'as demandé pourquoi on ressortait un album aussi vite, c'est parce qu'on a pas autant de temps. Je veux sortir des tonnes d'albums ! Le sentiment que tu as une sorte de "pression temporelle" et que tu dois l'utiliser avant que ça passe, c'est à la fois une bonne et mauvaise chose.

Quelles sont les autres choses qui vous ont inspirés ?
L'amour, toujours (sourire). On a toujours parlé d'amour, de nos propres expériences, de nos propres sentiments. Les connexions humaines, que cela soit de l'amour ou d'autres situations avec d'autres personnes, sont les choses les plus passionnantes mais aussi les plus étranges. Les gens chantent à propos de ça depuis des centaines d'années et on a toujours pas de réponses. C'est quelque chose d'intriguant donc on peut toujours chanter des chansons d'amour.

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Je veux sortir des tonnes d'albums
Sur la chanson "Moment", vous répétez "Free your mind, free your mind". C'est dans cet état d'esprit que vous avez abordé le disque ?
Bonne question... Oui et non ! La chanson parle du fait d'être comme dans des limbes, quand tu commences à trop réfléchir, tu finis par ne plus avoir les idées claires. Donc tu dois "libérer ton esprit", littéralement. Si tu doutes trop, tu ne vas jamais finir ce que tu as commencé. Je ne vais pas dire qu'on a fait des chefs d'oeuvre, mais on fait du mieux possible à chaque fois. Chaque album est un instant que l'on capture... Il faut toujours faire du mieux que l'on peut, sans pour autant avoir à trop réfléchir, ce n'est pas une bonne chose. C'est de cette façon qu'on aborde chaque album.

Justement, vous dites avoir su "dès le départ où nous voulions en arriver" avec cet album. Ce n'était pas le cas sur les précédents albums ?
Pas vraiment car nous avons vraiment évolué dans nos projets solos, dans différents genres et avec différentes aventures. C'est la première fois qu'on ne se produisait pas ensemble sur scène, on avait nos propres tournées mondiales. Et quand on est revenus ensemble en studio... On a dû se remettre tous au même niveau. On a écrit beaucoup de musiques pour trouver les meilleures combinaisons de nos différents genres. Ça nous a pris du temps pour trouver la bonne vibe et "Fever" a vraiment été la chanson qui nous a vraiment rassemblés. Cet album "Sand" est vraiment différent car nous l'avons écrit tous ensemble en tournée. C'était une situation différente de "Fever" car on était tous sur la même longueur d'onde.

Regardez le clip de "Losers" :


Ça nous a pris du temps pour trouver la bonne vibe
Du coup, le fait de l'avoir composé durant la tournée a influencé l'univers du disque ?
On était si inspirés grâce à ces concerts. Quand tu es chez toi, tu peux commencer à écrire des chansons plus introverties ou acoustiques, mais durant notre tournée, on s'est rendus compte qu'on adorait voir les gens danser à nos concerts, pour la première fois. On trouvait ça génial, on s'est dit "Ecrivons plus de chansons dans ce style-là, ajoutons du groove" ! Je pense que ça s'entend dans une chanson comme "Moment", on peut se voir sur scène crier "Free your mind".

Sur le premier single "Losers" vous chantez, "We are losers on the verge of something great", comme un message d'espoir. Cette note optimiste était nécessaire dans l'album ?
On a toujours eu un côté mélancolique dans nos compositions avec beaucoup de métaphores. Et en même temps, je trouve que c'est difficile d'être positif. Mais c'est quelque chose sur lequel nous travaillons. C'est fun d'avoir un message positif dans une chanson... mais ça parle d'être des losers (rires). Donc tu ne peux qu'aller vers le haut. Tu mets ton entière confiance dans ce qu'il va se passer dans le futur. C'est drôle car quand on l'a sorti, c'était au milieu de la crise sanitaire. C'est quelque chose de facilement interprétable dans de nombreuses situations.

On voulait ajouter du groove à nos chansons
Pourquoi avoir choisi cette sculpture en guise de pochette ?
Justement, je viens de recevoir la cassette de l'album. (Il nous la montre) Elle est géniale ! On connaissait déjà la photo parce qu'on l'avait vue il y a quelques temps sur Internet. Au départ, on a trouvé ça drôle et puis on n'a pas arrêté de la regarder et on se demandait si c'était un animal ou un homme derrière un costume. On était totalement intrigués : c'était à la fois mignon et dégoûtant. Quand on cherchait une idée pour la pochette, on savait déjà qu'on allait parler du temps et de l'impatience et c'est là qu'on a appris le message de cette sculpture. Ça parle de quelqu'un qui est dans une salle d'attente depuis trop longtemps et qui commence à se sentir bizarre car il n'a pas le contrôle de la situation. Tu ne veux pas être là et c'est de cette façon que tu commences à te voir, comme cette... chose. On s'est rendus compte que cette oeuvre avait un message fort et en lien avec ce que nous chantons sur l'album. Aujourd'hui, tout le monde se sent comme ça !

Ecoutez "Linger On" :


Annoncer notre tournée, c'était osé
Le disque sort finalement après un report d'un mois, j'imagine que c'est difficile pour un groupe de devoir reporter la sortie...
Si tu demandes à un label, il te dirait : "Ne sortez rien, vous ne pouvez pas le promouvoir" (rires). C'est comme ça qu'on fait la promotion aujourd'hui, en ligne. Quand on finit quelque chose, on veut juste le sortir car c'est très bizarre de ne pas le sortir quand vous l'avez terminé. On est très heureux de pouvoir le sortir, surtout maintenant, parce que ça veut dire que nous pouvons toujours écrire des chansons, les sortir et que quelque chose se produit. On ne reste pas là les bras croisés à attendre. L'album parle du fait d'attendre donc c'était le timing parfait pour le sortir.

L'attente au coeur de l'album, c'est aussi l'attente de pouvoir remonter sur scène ?
Au départ, je dois t'avouer que j'étais heureux de cette pause. Dans l'industrie musicale, ce n'est qu'en faisant des tournées que tu gagnes de l'argent. Et nous, on tournait depuis 10 ans sans arrêt et on n'était jamais chez nous. Alors, quand il y a eu cette pause, je me suis dit : "Enfin, un peu de repos !". Maintenant, ça ne nous semble pas naturel de ne pas jouer nos nouvelles chansons. On a quand même répété et le rendu est génial. Les chansons sonnent totalement différent de l'album et j'ai hâte que les gens puissent enfin l'entendre en live. C'est un album fait pour être joué sur scène. Maintenant, nous sommes reposés et nous n'avons qu'une hâte : remonter sur scène ! On vient d'annoncer notre tournée, ce qui est un peu osé. Certaines personnes étaient pessimistes à cette idée, mais on devait donner un signal aux gens. J'espère vraiment que la tournée pourra avoir lieu en fin d'année !

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