S’il y a un bien un album qui était attendu cet été, c’est celui d’Arcade Fire. Intitulé "The Suburbs" (Top 3), nous pourrions y voir au premier abord une approche plutôt péjorative de la ville au vu du climat social dans lequel nous évoluons. Mais entre la banlieue française et la banlieue américaine, il y a un fossé culturel assez important pour que la connotation qu’on lui attribue chez nous ne soit pas la même qu'en Amérique. Autrement dit, si vous voulez découvrir la ville sur l’autre continent, "The Suburbs", en plus d’être distrayant par les sons qu’il nous livre, pourrait accroître votre culture générale géographique : « Nous partageons des souvenirs d'enfance similaires. Ce thème des quartiers est devenu le fil conducteur de l'album. Mais j'ai cru comprendre qu'en France la banlieue avait une connotation péjorative », déclare la chanteuse Régine Chassagne en évoquant ici son mari et chanteur Win Butler.

Mais avant de poindre du bout des lèvres Arcade Fire lors des « Trivial Pursuit » familliaux, intéressons-nous d’abord aux 16 nouveaux titres de cet opus enregistré dans une église réaménagée en studio par le groupe lui-même. Développant la banlieue sous toutes ses coutures, Régine et Win s’appuient sur leurs souvenirs d’enfance pour chanter « l’héroïsme » de ces quartiers selon certains : « Win et moi avons tous les deux grandi en périphérie d'une ville, lui à Houston, Texas, moi au Québec ». Le groupe rock explique que même la composition musicale, c'est-à-dire les sonorités et les instruments choisis, doit donner aux mots leur sens ou s’inscrire dans leur continuité : « L'essence et l'esprit d'une chanson déterminent l'instrumentation et le choix des arrangements. C'est comme des outils, une palette pour peindre des émotions. Pour "Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)", qui parle de l'étalement urbain, cela avait ainsi plus de sens d'utiliser des synthétiseurs » déclare Régine Chassagne.

Visionnez la vidéo live officielle d'Arcade Fire, "Ready To Start" :


Formé en 2003, le groupe de rock canadien varie au fil des ans mais il reste les deux pionniers et époux Win Butler et Régine Chassagne. Il est la découverte de la scène rock en 2004 avec un premier album intitulé "Funeral". Un peu sinistre direz-vous pour un titre mais il est vrai que l’album a reçu comme influences les problèmes familiaux des deux belligérants. Récompensés aux Grammy Awards l’année suivante, une sortie européenne est organisée qui, là aussi, rencontre le succès. Trois ans plus tard, paraît son successeur "Neon Bible" qui connait lui aussi le succès (Top Albums 9 en 2007), mais qui ne bénéficie pas de l’engouement constaté pour "Funeral". Si le premier album d’Arcade Fire fut encensé par la critique, le deuxième l’est beaucoup moins. Avec ce troisième opus et la tournée américaine en cours, Arcade Fire devrait séduire à nouveau puisque comme le dit Régine Chassagne : « Si nous devions avoir une devise, ce serait l'art d'abord ! »

Par ailleurs, Arcade Fire sera en concert en France, une fois n'est pas coutume - pas encore à Paris, mais à Marseille le 24 novembre, et à Lyon le 26 novembre prochain.